L’hémisphère sud confirme ses ambitions à l’export

Après une forte progression du milieu des années 80 à 2007, les surfaces viticoles dans l’hémisphère sud se sont stabilisées entre 2007 et 2008. C’est ce qu’a expliqué Federico Castellucci, le directeur de l’OIV (Organisation internationale de la vigne et du vin) lors de la présentation des premiers résultats des vendanges 2009 dans cette région du monde. En 2008, les surfaces consacrées à la vigne représenteraient 888 000 hectares dans l’hémisphère sud. Cela représente, entre le début de l’actuelle décennie et 2008, une progression de 12,3 %, chiffre sans doute moindre que le craignaient les filières viticoles européennes. En 2008, la superficie viticole totale de ces pays représentait 11,3 % de l’ensemble du vignoble mondial, contre un peu plus de 7 % pour la période 1986-1990. Mais les surfaces ont évolué très différemment selon les pays. La plus grande superficie, celle de l’Argentine, avec 227 000 hectares, a progressé de 8,9 % depuis 2002 ; le deuxième grand pays producteur, le Chili (198 000 ha), l’a accrue de 7,7 % ; l’Australie, avec 173 000 ha, a connu une progression de 9,1 %. L’Afrique du Sud, autre grand pays producteur, en est restée depuis le début de la décennie autour de 130 000 ha, alors que la Nouvelle-Zélande doublait sa surface mais avec un total modeste de 35 000 ha.
Des vendanges en nette progression
Comme dans toutes les régions viticoles du monde, la production de ces pays peut être très variable d’une année à l’autre. Ainsi, l’Australie, victime de la sécheresse et de gigantesques incendies, a vu sa dernière vendange tomber de 12,4 à 11 millions d’hectolitres (Mhl). L’Argentine, premier producteur, a accusé un recul de 5 % avec 13,9 Mhl, mais maintient cependant une progression de 9,5 % par rapport à 2002. L’Afrique du Sud a subi une médiocre récolte de 9,4 Mhl, de 8 % inférieure à la précédente, mais néanmoins supérieure de 31 % à la moyenne des sept dernières années. Le Chili a connu une belle progression de 56 % durant cette période, avec 8,8 Mhl, et celle du Brésil (3,4 Mhl) mérite d’être signalée puisque ce pays produit maintenant des vins que le directeur de l’OIV qualifie « d’intéressants », capables d’aborder l’exportation.
Pour l’ensemble des pays de l’hémisphère sud, la vendange 2009 est estimée à 50 Mhl, soit l’équivalent d’une bonne récolte française. Elle est en progression de 16,7 % par rapport à la moyenne 2002-2009, alors que les surfaces ne se sont accrues que de 12,3 %. C’est la conséquence d’un meilleur travail de la vigne, améliorant le rendement en même temps que la qualité, avec notamment l’utilisation de nouveaux cépages.
Consommation en baisse, exportations en hausse
La progression de la production dans l’hémisphère sud n’a pas été suivie par la consommation, qui y est globalement en retrait de 2,5 %. Les pays ayant enregistré les plus fortes baisses sont parmi ceux ayant accompli la plus forte progression de production, comme l’Argentine ou le Brésil. L’Australie, en revanche, développe sa consommation locale avec une hausse de 3 % en 2008.
Le débouché prioritaire des producteurs de cette région n’est donc pas la consommation intérieure, mais bien plutôt l’exportation. La région pesait en 2008 25 % des exportations mondiales de vin, avec 22,26 Mhl : 7 Mhl pour l’Australie, 5,9 pour le Chili, 4,10 pour l’Argentine et l’Afrique du Sud.
Les ambitions exportatrices des vins de l’hémisphère sud sont dirigées vers tous les marchés consommateurs, y compris les marchés émergents comme la Chine, la Russie, voire l’Inde, avec des vins très divers capables de répondre aux besoins quantitatifs et qualitatifs des pays importateurs. La conquête de parts de marchés, au détriment des vins du vieux continent, fait partie du jeu. Mais la consommation mondiale progresse et le gâteau est plus large à partager. Heureusement pour les vignerons européens…