Levure : les biocarburants affament Lesaffre
«Nous utilisons la mélasse comme substrat depuis 1927», rappelle Gé-rard Blin, 37 ans chez Lesaffre et aujourd'hui président du COFALEC, une association bruxelloise influente qui regroupe les levuriers européens et défend leurs intérêts. Mais les biocarburants viennent bouleverser la donne. «L'OCM sucre nous avait sévèrement secoués, mais aujourd'hui ce sont les biocarburants qui nous posent problème», explique Paul Dérumaux, responsable substrats et produits dérivés chez Lesaffre International.
Manque de sucre
Le groupe familial (1 milliard d'euros de CA) pourrait très bien ne pas tenir ses objectifs de production de levures pour cause de raréfaction des substrats de culture. Le groupe familial implanté à Marcq-en-Baroeul possède un besoin mondial de 1,6 millions de tonnes d'équivalent mélasse. Il a commencé à utiliser des sirops de sucre ou des produits intermédiaires de distilleries de sucreries depuis 2004. C'est ainsi que durant la campagne 2006-2007, le groupe a acheté environ 100 000 tonnes de sucre industriel. « Aujourd'hui, nous n'avons plus aucune offre. Ce n'est même pas une question de prix », tient à préciser Paul Dérumaux. Pour lui, le développement du bioéthanol a eu un réel impact sur la disponibilité des substrats utilisés par Lesaffre dans ses usines à travers le monde. « La campagne 2008-2009 nous pose un véritable problème en terme d'approvisionnements. Il nous manque environ 30 à 40% de sucre industriel pour la prochaine campagne », poursuit-il en évoquant une possible troisième voie. « L'importation de sucre brésilien pourrait nous permettre d'assurer notre production de levures à partir de sucres en solution au même titre que ce que nous pratiquons avec les sirops et les mélasses », explique-t-il. Mais l'Europe n'a pas encore donné son feu vert à ces sucres brésiliens que Lesaffre pourrait acheter à des prix avoisinant les 230 à 240 euros/tonne.
Les levuriers européens ont écrit en ce sens à Mariann Fischer Boël qui devrait donner sa réponse dans les jours qui viennent sur la mise en place ponctuelle d'éventuels quotas d'importation. Reste néanmoins qu'après avoir démantelé l'OCM Sucre et fermé des usines, on comprend difficilement qu'un groupe comme Lesaffre ne puisse pas contractualiser avec des planteurs régionaux….A moins qu'il ne s'agisse tout simplement d'une question de prix !