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L’Europe du foie gras a encore du mal à s’affirmer

Si l’essentiel de la production de foie gras provient de France, plusieurs pays d’ex-Europe de l’Est, sont des fabricants traditionnels. Leur poids sera-t-il suffisant pour peser contre les opposants au gavage ?

À l’heure où l’Europe compte depuis début mai 25 membres et devrait en accueillir deux de plus dans trois ans, le Comité interprofessionnel du foie gras (Cifog) a organisé mardi 22 juin dans le cadre du Sitélis à Pau un colloque européen sur le foie gras. L’occasion était belle de faire un tour d’horizon complet des pays producteurs, pays qui ont pour point commun d’avoir pour principal débouché… la France ! Ainsi, le second producteur de foie gras européen, la Hongrie, nouvel entrant dans l’Union, peut-elle justifier d’une longue tradition de gavage -cinq siècles au bas mot- et représente un des pays producteurs les plus solides, placé qui plus est sur un créneau en difficulté en France, la production de foie gras d’oie.

Pour cette année, les estimations font état de 3,2 millions d’oies mises en gavage pour une production de 1 800 tonnes de foie gras dont 1 500 partent à l’exportation. Pour autant, comme en France, la production décline lentement mais sûrement puisqu’en 2002, 4 millions d’oies avaient été mises en gavage, fruit probable des adaptations en cours de l’agriculture hongroise aux canons européens. Également producteur de canards à foie gras, la Hongrie enregistre aussi une baisse de la production tant en barbarie qu’en mulard, 1,6 million de têtes en 2004 contre 2 millions l’an passé. Avec là, une double cause, l’adaptation structurelle et la contraction des débouchés français liée à la surproduction connue depuis l’an 2000.

Bulgarie, Espagne…

La Bulgarie, prétendante à l’entrée dans l’Union européenne, peut se prévaloir pour sa part d’une production estimée à 2 millions de têtes, à partir de 1,6 million de canetons français, et d’une production d’oies quasi confidentielle, 20 000 têtes. Là encore, 90 % de la production est exportée. Proche du Sud-Ouest, l’Espagne s’est lancée dans le gavage il y a 24 ans et mettra en marché cette année 1,2 million de canards gavés uniquement à destination du marché intérieur espagnol, par ailleurs toujours importateur de magrets et de foies gras.

Enfin, dernier pays présent, la Belgique, fait encore plus figure de petit poucet dans ce paysage dominé par la France (32 millions de canards gras et 745 000 oies grasses). Nos voisins wallons, qui représentent trois quarts de la production belge concourent en effet au gavage de 200 000 canards cette année, dans un marché en très forte progression puisque la production totale était de 110 000 canards en 2000. Progression assurée par l’intérêt dont fait montre un distributeur local pour la production de foie gras dans la région.

À cette liste aurait pu s’ajouter la Pologne et l’Italie si ces deux derniers pays n’avaient interdit la pratique du gavage sur leur sol. Car en filigrane de ce colloque «étouffant» (il faisait très chaud à Pau ce jour-là), ce sont bien les problèmes de bien-être animal et de la contestation de la légitimité du gavage dont il fut question. Le Cifog posant notamment, un peu maladroitement, la question d’un travail commun à Bruxelles pour protéger le gavage. Ce à quoi les producteurs français se virent répondre, en gros, « vous êtes les premiers producteurs mondiaux, à vous d’assumer vos responsabilités, nous vous suivrons mais nous ne pourrons être moteurs sur ce dossier. » S’il existe des embryons de structures syndicales embryonnaires dans ces pays, l’unité européenne des producteurs de foie gras semble encore loin d’être acquise. À moins que les discussions « post-colloque » aient permis de faire émerger un projet cohérent.

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