« Let’s do it ! »
« On va enfin pouvoir « designer » des vins. Regagner des parts de marché. Il y a aujourd’hui du bon vin partout, ça ne suffit plus. Let’s do it ! ». Bruno Kessler, vice-président de l’Agev, fédération des négociants en vins, s’est montré très enthousiaste le 22 juin lors du lancement de la campagne « Vins de France », nouvelle dénomination permettant au négoce de mélanger des vins issus de différents vignobles. Selon lui, il s’agit là d’une réponse très adaptée au marché mondial qu’il réduit à trois catégories : le « bag-in-box » (22 %), l’entrée de gamme (37 %) et les vins de marque avec cépages (41 %). Nulle place pour les indications géographiques dans cette représentation simpliste. Oubli ? Raccourci marketing ? Lapsus révélateur plutôt. La dénomination « Vin de France » donne au négoce le pouvoir de mettre en concurrence les différents vignobles, de faire passer l’art de l’assemblage avant la typicité d’un terroir, tout en profitant de l’image « France ». D’autres secteurs de l’industrie agroalimentaire seraient tout aussi tentés par une étiquette « made in France » sur leurs produits, quitte à utiliser des matières premières provenant d’autres contrées. Oui mais le consommateur français, lui, reste attaché au terroir, comme le prouve encore un récent sondage Ifop. Il est favorable à davantage d’approvisionnement local. Dans la lignée du Parlement européen (avis du 16 juin dernier), le lobby industriel n’aurait-il pas intérêt à soutenir un renforcement de l’étiquetage de l’origine des matières premières agricoles ? Dans le cadre de la loi de modernisation de l’agriculture, l’occasion lui est donnée de montrer son attachement à l’agriculture française.