« L’éthanol, bientôt devant nos exportations de maïs »
Aux Etats-Unis, la production de biocarburants est une réalité qui pèse déjà sur le marché. Le point avec Geoff Cooper, directeur de l’activité Bioéthanol de la National Corn Grower Association (producteurs de maïs américains).
LM : Où en le développement de la production de bioéthanol aux Etats-Unis ?
Geoff Cooper : Le meilleur tableau se dresse avec des chiffres. En décembre 2002, il y avait 66 usines de production d’éthanol, pour une capacité de 10,27 milliards de litres et 11 usines en construction. L’année dernière en septembre 2006, il y avait 106 usines en production, pour 19,28 milliards de litres, 48 en construction pour 12,64 milliards de litres auxquelles s’ajoutent 114 nouvelles propositions de construction pour un potentiel de 27,78 milliards de litres…
Ce qui est significatif à notre sens, c’est que si les usines restent majoritairement situées dans le middle west, le corn belt américain où se produit le maïs, il commence aujourd’hui de s’en construire aussi dans des zones plus inhabituelles, en Californie, au Texas…
Le prix des bioéthanols étant corrélé à celui du carburant, les récentes flambées que nous avons connues ont donné lieu à des retours sur investissement très intéressants et rapides dans les usines construites ces dernières années.
LM : Quelle part représente aujourd’hui les bioéthaniols de maïs dans la production de maïs aux Etats-unis ?
G.C. : Ce qui était un marché de niche au début a mobilisé déjà 15 % de la production de maïs en 2005 et 20 % en 2006. La consommation de maïs pour la production de carburant atteint aujourd’hui quasiment le niveau de nos exportations. Mais nous savons que l’éthanol peut très facilement devenir le second marché pour le maïs américain, juste derrière l’utilisation en alimentation animale. Mais nous avons réussi le tour de force d’augmenter en conséquence pour couvrir cette nouvelle demande sans toucher à l’approvisionnement de nos marchés traditionnels.
LM : Qu’en est-il des coproduits de distillations ? Sont-ils utilisés dans l’alimentation animale ?
G.C. : Oui, naturellement. Nous avons produit 8 millions de tonnes de drèches de maïs en 2005, près de 10 millions de tonnes en 2006 et le potentiel global est aujourd’hui estimé à 40 millions de tonnes. Nous nous interrogeons maintenant pour savoir comment absorber ces matières premières. Nous savons que les producteurs locaux en absorberont une bonne partie, mais ce sont les surplus qui nous inquiètent. Notamment parce que les pays qui auraient pu consommer ces types de produits sont eux aussi en train de s’équiper d’usines de production de biéthanol.
LM : À quel prix ces produits sont-ils disponibles ?
G.C. : Leur valeur marchande sera déterminée par leur valeur nutritive, et par l’énergie disponible et plus à la marge, les teneurs en acides aminées, en phosphore et la présentation. Utilisés comme un substitut du maïs, ou des farines de soja, les drèches sont corrélées au prix du maïs. Land O’ Lakes a déterminé des optima de prix : 114,24 $ la tonne pour les vaches laitières, 100 $ environ pour le poulet en finition, 96,34 $ pour les porcs en croissance-engraissement et 108 $ pour l’engraissement de jeunes bovins.