L’état nutritionnel des bébés s’améliore
La supériorité du lait maternel sur les préparations lactées a été clairement rappelée lors de la dernière journée organisée le 5 février par l’IFN (institut français de la nutrition) et le Comité de nutrition de la Société Française de Pédiatrie sur le thème «Nutrition de la conception à l’enfance : certitudes et perspectives». L’objectif d’allaitement exclusif au moins jusqu’à 4 mois est d’ailleurs privilégié par le PNNS. « L’amélioration récente des statistiques concernant l’allaitement en France ne doit pas cacher l’ampleur du travail qui reste cependant à accomplir par les professionnels de santé pour que toutes les femmes qui souhaitent allaiter leur enfant puisse le faire, pendant la durée de leur choix (…) Toutes les femmes peuvent avoir une quantité de lait suffisante de lait si elles sont en confiance » rappelle le D r Dominique Turck (Hôpital Jeanne de Flandre, Lille). Pour le D r Jean-Pierre Chouraqui (CHU de Grenoble), la diversification alimentaire (c-à-d l’introduction d’aliments solides autres que le lait) n’a aucun intérêt nutritionnel avant 6 mois, et augmente notamment le risque de survenue d’otites aigues et de dermatite atopique (eczéma), tant dans la population générale que chez les nourrissons à risque allergique.
De façon générale, les spécialistes se réjouissent donc de voir que l’âge de la diversification alimentaire recule : d’environ 4 mois en 1997, elle est passée à 5 en 2005. De même, la transition entre le lait 2 e âge et le lait de vache est plus tardive : 11,6 mois en 2005 contre 10 mois en 1997 et 8 mois en 1989. Parallèlement, les apports nutritionnels s’améliorent.
L’état nutritionnel des enfants de 0 à 3 ans est en effet globalement satisfaisant selon le D r Marc Fantino (étude Sofres-SFAE-Université de Bourgogne, conduite tous les 8 ans). « Plus les enfants bénéficient des aliments qui leur sont spécifiquement dédiés, laits 1 er âge, laits de suite et de croissance mais aussi yaourts spécifiques bébés, plus leurs apports nutritionnels sont conformes aux recommandations. Ainsi, une plus grande consommation d’aliments infantiles permet d’accroître, en proportion, les apports de fer, de vitamine C, de vitamine D et E et, réciproquement, de réduire ceux de protéines et de sodium » . Et cela principalement grâce aux laits de croissance dans la tranche d’âge des 8-18 mois, 25 fois plus riches en fer que le lait de vache.
Multiplicité des aliments
Les médecins sont cependant perdus face à la multiplicité des aliments pour nourrissons, en premier lieu les quelques 100 laits premier âge pour les enfants de moins de 4-6 mois qui ne sont pas ou plus allaités et les 80 préparations de suite proposées sur le marché. Le D r Jacques Ghisolfi (CHU de Toulouse) s’interroge : «Si les innovations présentent réellement un progrès démontré significatif pour la santé, pourquoi les formules “standards” sont elles toujours commercialisées ?». Les innovations envisagées dans les années à venir exploreront vraisemblablement deux grandes pistes : l’optimisation de l’apport en protéines et en acides aminés avec le recours à certaines protéines particulières comme l’alpha lactalbumine, des macropeptides et des peptides télogènes ; l’approche immunitaire basée sur l’incorporation de probiotiques et de prébiotiques.