Les vérités qui dé-mangent

Dimanche dernier, le magazine Capital (M6) s’est penché sur « les plats cuisinés à prix cassés ». On y voyait un « chef » consultant de l’industrie alimentaire expliquer comment il mettait au point des recettes à bas prix, selon le cahier des charges de ses clients. Exemple pris : un hachis parmentier à 1 euro dont la traditionnelle garniture de viande est sacrifiée sur l’autel de la protéine végétale, relevée à grand coups de concentré de bœuf. « Mais le consommateur le sait, cela ? », interroge benoîtement le journaliste. « Il le faut, sinon ce serait malhonnête », jure le chef. L’embêtant, c’est que le marketing a parfois la fâcheuse tendance à écraser ce genre d’informations sous des notions toujours plus valorisantes mais moins claires. Dans un livre très tonique, la nutritionniste Béatrice de Reynal, bien connue des milieux industriels qu’elle côtoie régulièrement, démêle les rapports de plus en plus complexes et torturés qu’entretiennent les consommateurs avec leur nourriture. Sans langue de bois, elle révèle les demi-vérités et vrais mensonges qui traînent sur l’équilibre alimentaire et le bien manger. « Chacun y allant de sa vérité, qui croire et que choisir ? Comment savoir ce qui se cache derrière ces nouveaux aliments, qui se targuent d’être sans sucre, allégés, sans matières grasses, sans calories… ? La vérité est souvent masquée par les allégations des publicitaires qui attirent l’œil et les clichés que servent les médias, ces nouveaux conseilleurs qui se sont substitués à la famille dans son rôle d’éducation alimentaire. Pour démêler le vrai du faux, lire les étiquettes n’est pas suffisant. », écrit-elle. A une époque où diététiciens et nutritionnistes sont régulièrement instrumentalisés par l’un ou l’autre camp de l’industrie alimentaire, ces coups de gueule, écrits au fil de l’actualité, sont particulièrement salutaires. Même si la langue, elle, est parfois relâchée…