Les spiritueux à la diète dans les CHR
Tandis que la consommation de vins chute dans l’Hexagone depuis une dizaine d’années, celle de bières et de spiritueux est relativement stable. Selon l’étude Gira Foodservice pour la Fédération Française des Spiritueux, les Français ont consommé environ 365 millions de litres de spiritueux (FFS) en 2007 avec en tête les whiskies (134,3 millions de litres soit 36,8 % de parts de marché) qui ont doublé, depuis le début du siècle devant les anisés qui représentent encore 30,8 % (112,4 millions de litres).
Ces deux grandes familles pèsent à elles seules les deux tiers du total, des chiffres gonflés notamment par la grande distribution, le poids étant moins important en CHR (Cafés, Hôtels, Restaurants) où ils ne dépassent pas 55 %. Au niveau national, rhums, vodkas, liqueurs, et amers-bitters représentent chacun entre 4,5% et 6,6 % mais si les deux premières familles sont en belle progression (respectivement de 4,7% et 12,4 % en grande distribution), les deux dernières sont plutôt stables voire en léger recul (source IRI 2007).
L’interdiction de fumer a pesé lourd
Si les derniers chiffres dans les grandes et moyennes surfaces (qui pèsent plus de 80 % de la consommation) affichent une stabilisation, les indicateurs du CHR se révèlent plus inquiétants. Ils pâtissent avant tout de l’interdiction définitive de fumer dans leurs établissements. S’ils retrouvent une clientèle familiale ou de non-fumeurs, découragés auparavant par les volutes au-dessus du comptoir, « ils enregistrent un net recul de leur chiffre d’affaires, évalué entre - 5 et - 15 % mais qui atteint -15 à -25 % dans les discothèques, estime André Daguin, président de la Fédération Nationale de l’Industrie Hôtelière (FNIH). Face aux attaques massives, permanentes et aigües, on est en train d’aller vers la prohibition pure et simple… qui peut d’ailleurs être pour certains un moyen de faire fortune ; l’histoire l’a déjà démontré ». Pas sûr que la nouvelle communication de la fédération française des spiritueux sur les accords mets-spiritueux afin de faire passer à table whisky, vodka ou calvados parviennent à inverser la tendance.
Parallèlement, les principaux opérateurs, notamment de spiritueux (une quinzaine de groupes assurent 88 % de la distribution) tentent de faire passer depuis le début de l'année des hausses de prix de 8-10 % en GD pour compenser la baisse des ventes en CHR. Mais le consommateur pourrait ne pas suivre cette inflation et les chiffres 2008 risquent de s'en ressentir.
Par ailleurs, les chiffres des exportations des spiritueux du premier trimestre ne sont guère fameux. Comme prévu après l'embellie de 2007, ils marquent un brutal coup d'arrêt de 13,5 % en volume et de 10,5 % en valeur, principalement à cause de la parité eurodollar mais également de la conjoncture économique, surtout en Amérique du Nord. Des résultats qui risquent de pénaliser notre production, la France se situant au deuxième rang des producteurs européens en matière d'eaux-de-vie et de spiritueux.