Les rosés ne se contentent plus d'être des « vins de soif »
Le rosé ne s’est jamais aussi bien porté. A l’occasion des « rencontres internationales sur le vin rosé » organisées le 26 juin par le Comité interprofessionnel des côtes de Provence, Patrick Aigrain a évoqué les ressorts de ce succès dans le monde, au nom de Viniflhor et de l’Office international du vin (OIV). L’orateur a rappelé la difficulté d’obtenir une statistique précise car le rosé ne dispose pas de définition internationale, étant le plus souvent confondu avec le rouge ; soulignons à ce propos que les cotations françaises des vins de table et de pays ne différencient pas les deux catégories.
Néanmoins, en fonction des éléments disponibles, on peut appréhender un développement des échanges internationaux de rosé probablement porté par le phénomène croissant de l’internationalisation des marchés. Le représentant de Viniflhor estime à 21,5 millions d’hectolitres la production de vin rosé dans le monde, la France occupant une position dominante avec 6 millions d’hectos. L’Italie et l’Espagne sont les autres grands producteurs européens avec, respectivement 4,4 et 3,8 millions d’hectos, mais il convient de souligner la place considérable des Etats-Unis dont la production atteint 3,8 millions d’hectos et qui se posent comme exportateurs sur le marché international.
Pour ce qui est des rosés français, leurs marchés d’exportation sont la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la Belgique. Sur le premier, les rosés français se développent surtout à travers les vins de pays avec indication de cépage qui constituent 80 % de l’offre mondiale sur ce marché occupé pour moitié par les rosés américains en revanche, aux Pays-Bas où les rosés représentent 13 % des vins consommés, la France est le premier fournisseur et résiste bien à la concurrence de l’Espagne et des pays tiers. Malheureusement, il s’agit d’un marché à prix bas et la recette est surtout due au volume. En revanche, la Belgique, et plus particulièrement la Wallonie, constitue un débouché solide pour le rosé français qui reste le fournisseur privilégié : environ 60 % des volumes importés outre Quiévrain, malgré le grignotage de ses parts de marché par l’Italie et l’Espagne. Contrairement aux Pays-Bas, l’éventail de prix en Belgique est nettement plus ouvert vers le haut.
La route du rosé est ouverte
Avec l’arrivée de l’été, de la chaleur, des grandes soifs, le rosé fait son retour en force sur les tables. Ce vin est le plus souvent apprécié pour ses vertus désaltérantes, et un glaçon dans le verre ne fait pas hurler au sacrilège. Car il est bien des rosés auxquels on ne demande pas mieux. Ce n’est pas forcément un défaut, mais presque leur mérite. Pourtant, depuis quelques années, les rosés ont renforcé leur présence sur le marché français et à l’exportation, le public ayant découvert des vins dont vocation n’est pas seulement de désaltérer, l’été sous les platanes, mais qui se révèlent comme d’excellents accompagnateurs gastronomiques. Les nombreux restaurants asiatiques installés en France l’ont toujours fait figurer prioritairement à leur carte (le Tavel s’y est taillé la part du dragon) et il est vrai que la plupart des rosés s’adaptent bien à la cuisine exotique, leur fraîcheur naturelle équilibrant le parfum et la force des épices.
Mais ce serait une erreur de les réserver à ce seul type de gastronomie, la nôtre leur offrant bien des occasions de s’exprimer à travers les poissons, les viandes blanches, la volaille et plus particulièrement avec toute la cuisine du soleil.