Les produits symboliques du Nord profitent de la vague Ch'ti
Grâce à Dany, la bière du Ch’ti coule à flots ! L’immense succès de son long métrage fait d’abord les affaires de la brasserie Castelain. Mais pas seulement. Les brasseries artisanales du Nord-Pas-de-Calais en profitent largement. Sur ce marché des bières de spécialité (+ 9 % par an), elles auraient eu tort de laisser passer une telle aubaine et en ont toutes profité : la Goudale (Les brasseurs de Gayant), la page 24 (La brasserie St Germain), la Jenlain (la brasserie Duyck)… Pour la brasserie du Ch’ti, pas de contrat en bonne et due forme, ni de chèque… juste un peu de liquide, un « vrai jus de houblon » pour étancher la soif de la production et permettre le tournage des séquences du film. Car en échange du coup de pouce commercial, il a suffi à la brasserie de Bénifontaine (62) de brancher les pompes à bière durant le tournage.
Annick et Yves Castelain, les heureux propriétaires de la brasserie du Ch’ti (40 000 hl/an), ne regrettent rien. Dans les premiers jours d’avril, ils battaient leur record de production journalière après avoir connu une hausse de 30 % de leur chiffre d’affaires le mois précédent. Ils sauront faire face à cette soudaine montée en puissance : la brasserie-qui avait modernisé sa salle de garde en 2003- avait récemment engagé des investissements lui permettant de brasser 10 000 hl supplémentaires sans difficulté. Tout se conjugue désormais à la sauce Ch’ti ! Du fromage de maroilles aux désormais célèbres fricadelles servies dans les non moins célèbres « baraques à frites ». Sans compter les innombrables produits dérivés mis en avant par un marketing bien ciblé : T-shirts, boîte à hein, cartes postales, recettes…
Après avoir été invitée à l’Elysée en compagnie d’une délégation d’élus et de chefs d’entreprises du Nord-Pas-de-Calais et avoir monté quelques semaines plus tard les marches du palais des festivals, l’équipe du film participait à un gigantesque fête le vendredi 30 mai dans le centre de Lille. Pour célébrer avec tous les Ch’tis le formidable succès d’un film aux plus de 20 millions d’entrées.
La construction de baraques à frites reprend !
Certains ont eu le nez fin . D’autres surfent sur la vague avec souvent un bel esprit d’à propos et une bonne dose d’opportunisme. Grâce au film, « la friterie à Momo » est désormais entrée dans le patrimoine culturel régional. Grâce à un tel engouement, Hervé Diers dirigeant de la société Hedimag d’Hazebrouck spécialisée dans la construction de commerces alimentaires mobiles, a vu sa production de baraques à frites doubler en l’espace de quelques mois.
Les brasseurs de Gayant (premier brasseur indépendant français avec 150 000 hl) viennent de lancer - via leur filiale AD Distillers- le pastis des Ch’tis le 29 mai dernier. Voici trois ans que Patrick D’Aubreby son p-dg, avait conclu un accord de licence avec la brasserie du Ch’ti. « Entre brasseurs du Nord-Pas-de-Calais, on se comprend mieux», confie-t-il. AD Distillers a pu ainsi utiliser la marque Ch’ti en y apposant le graphisme sur ses bouteilles. Il y a même ajouté un visuel du carnaval de Dunkerque. Les dirigeants du groupe douaisien ont mis les bouchées double pour assurer la sortie officielle de leur boisson élaborée « dans la tradition du pastis de Marseille » quelques heures avant le jour J et espèrent bien en obtenir le maximum de retombées médiatiques.
Le groupe canadien McCain, dont une des usines françaises est implantée à Harnes (62), profite également de l’événement (LM d’hier), avec le lancement de sa nouvelle frite : « l’frite de Ch’nord ». En développant un nouveau slogan : « Y’a del magie din McCain ! », l’un des principaux sponsors de la fête du 30 mai célèbre aussi à sa façon le triomphe du film. Même la SNCF raccroche les wagons. Elle va lancer un TGV estampillé « Ch’tis » orné de tous les symboles régionaux : beffrois, cornets de frites etc… agrémentés de quelques phrases en ch’ti bien pensées. Il doit circuler du 1er juin au 30 novembre sur l’ensemble du réseau national. Une Ch’timania qui pourrait cependant retomber aussi vite qu’elle s’est propagée en France ...
