Les poissons nobles désertent le panier de la ménagère
Les pêcheurs n’avaient sans doute pas imaginé les conséquences qu’auraient les saccages de certains magasins en mai dernier. Effrayés, les consommateurs avaient alors déserté les rayons marées, de toute façon très peu approvisionnés. Dans les données de volumes de poissons frais achetés en GMS, récemment publiés par l’Ofimer D’après des données fournies par Worldpanel TNS, cela se traduit par un avant et un après mouvement de colère des pêcheurs.
Après un début d’année plutôt bon (+6% en janvier vs 2007, +5,1% en février et même +10,6% en avril), les ventes au rayon marée ont reculé de 5,4% en mai et même -15% en juin, pour ne plus repartir à la hausse. En septembre le niveau d’achat en volume de poissons frais était encore à près de 10% inférieur à celui de l’an passé. Et pourtant pour la première fois depuis 2004 le prix moyen du poisson frais a baissé de 3,4% en cumul annuel mobile à fin août vs 07. En pleine crise du pouvoir d’achat, si les acheteurs traditionnels de poissons frais n’ont pas complètement déserté l’étal des GMS, ils en achètent moins et se reportent vers les coquillages (moules essentiellement) et crustacés (crevettes), les produits traiteurs et les conserves.
Seules les espèces peu chères, le saumon et le pangas surtout, progressent dans le panier de la ménagère. Le saumon d’élevage arrive encore à recruter de nouveaux consommateurs (+2 points de pénétration) tandis que le pourcentage de ménages français achetant du pangas atteint pratiquement celui de sardine (14% contre 14,9%) et dépasse largement celui du merlu, de la julienne ou des maquereaux (environ 10%). Est-il la peine de rappeler que ce phénomène profite essentiellement à l’importation ? A l’exception de la truite et du lieu noir, les espèces le plus pêchées (ou élevées) en France reculent dans le panier de la ménagère. C’est le cas notamment des maquereaux, du merlan, du bar ou encore du cabillaud.
Même constat en restauration
En restauration hors foyer, même constat. Depuis dix ans, ce débouché progresse de 3% par an pour les produits de la mer et de l’aquaculture (et même de 3,8% entre 2006 et 2007). Cet essor provient en partie de celui du secteur de la restauration rapide.
L’offre s’y concentre surtout autour des poissons blancs ou panés (pour les hamburgers de poissons par exemple), du saumon et du thon (pour les sandwiches). Là encore, il y a peu de place pour les produits issus de la pêche française mais plutôt une part prépondérante de poissons surgelés importés.