Les nouveaux Thénardier de la tomate
Un maraîcher de l’Étang de Berre a été placé en garde à vue mardi 17 juin après que les forces de police aient démantelé un trafic de tomates et de concombres en provenance d’Espagne et écoulés sous l’étiquette Provence. Selon la police, ce commerce porterait sur plusieurs centaines de tonnes sur les six derniers mois, mais pourrait avoir démarré il y a plus de dix ans. Le maraîcher se fournissait chez un grossiste de Perpignan à qui il achetait les tomates à 0,5€/kg, payées en argent liquide. Les légumes étaient ensuite reconditionnés et « renationalisés » à Berre avant d’être confiés à deux grossistes. Rémunérés à la commission ils étaient chargés de les écouler auprès de centrales d’achats au prix d’1,3€/kg. Informés du changement d’appellation, ces deux derniers devraient être poursuivis pour abus de biens d’une société agricole (l’équivalent d’un abus de bien social), complicité et tromperie. Le maraîcher, son épouse et sa fille ont été déférés devant un magistrat mercredi.
Discrédit
L’autre volet de l’enquête porte sur l’emploi de main d’œuvre non déclarée. En effet, mardi, 24 personnes ont été interpellées sur l’exploitation. Aucune n’était déclarée et douze travailleurs marocains étaient en situation illégale. Selon les enquêteurs, les travailleurs marocains étaient hébergés dans des conditions « totalement inhumaines », certains dormant dans les serres, d’autres dans des bungalows. Neuf ont été placés en centre de détention administrative, antichambre de l’expulsion, à Marseille. Le maraîcher devra répondre de tromperie sur la marchandise, travail dissimulé, aide au séjour clandestin et abus de biens d’une société de produits agricoles.
En Provence, l’affaire fait grand bruit. Dans une interview accordée au journal La Provence, Françoise Ballatore, présidente du SEA de Berre déclare « d’une certaine façon nous sommes soulagés car nous nous doutions depuis longtemps qu’il y avait de telles pratiques. Mais nous sommes également en colère, car nous craignons que cette affaire jette le discrédit sur l’ensemble de notre profession qui traverse une crise économique sans précédent. » Dans un communiqué, la Modef des Bouches du Rhône « apporte son soutien le plus résolu à la justice pour que celle-ci fasse son travail et condamne le cas échéant celui-ci à la plus forte peine. » Cette affaire é été révélée après le démantèlement d’un trafic de fuel lourd il y a quinze jours, met tant en cause des camionneurs et des maraîchers, dont certains de l’Étang de Berre, qui ont été mis en examen.