Les melons de la discorde
La 31e édition de la Foire aux Melons de Vendeuvre (Vienne) qui s’est déroulée le dernier week-end d’août, a mis en relief, qualités et valeurs. La production représente sur le département une superficie non négligeable de sa culture avec 2 300 ha, c’est la première aire de France en la matière avec 17 % du total. Elle a également montré à cette occasion ses faiblesses. Dépendant fortement de la météo, mais aussi des habitudes des consommateurs, le melon fait la richesse des uns - autrement dit les gros producteurs- et parfois la pauvreté des autres (les petits) obligés de s’aligner sur les tarifs imposés par les premiers. Les différences sont notables : 5 euros la cassette vendue par les « gros », contre 8 euros prix minima pour la rentabilité des « petits ».
Melon Charentais Cantalou lissé et côtelé, le fruit viennois occupe sur son secteur une quarantaine de producteurs agriculteurs, fort de son IGP du haut Poitou (première d’Europe) de son appellation contrôlée et de son académie basée à Chasseneuil. Les deux leaders nationaux du melon sont d’ailleurs des locaux, du Loudunais, Sol Dive (pour son « Rouge-Gorge ») et Robert Franchineau de Sérigny, fervent défenseur du Melon du haut Poitou.
Mais le melon Viennois, avec ses grandeurs et ses malheurs, serait malade non pas de sa production, mais de ses emballages. Protégé par des films en plastique, il subit les attaques des Verts du département, inquiets de la révélation de certaines pratiques liées au traitement de ces produits après usage.
Un problème environnemental
Peut-être pas aussi biodégradables que le prétendent leurs fabricants, ces protections indispensables seraient difficiles à faire disparaître, au point de générer de la part de quelques-uns la mise en place de méthodes drastiques mais peu hygiéniques. On parle d’enfouissement sauvage, ou d’incinération peu compatible avec l’environnement, au point que les gendarmes de la région de Loudun sont sur la brèche, sur ordre du Parquet local.
Les chiffres sont impressionnants : 7 500 tonnes de déchets plastiques seraient concernées, soit 27 500 kilomètres de bâches dont une partie, non définie, serait traitée hors la loi. Le reste, c’est-à-dire la grande majorité, allant se faire enfouir légalement à St. Sauveru, site spécialisé des environs de Chatellerault, ou étant retraité par une multinationale Chinoise basée dans le Lot. Le tout à la charge des producteurs, qui, pour quelques-uns, préfèrent courir le risque d’être découvert. On attend donc les résultats d’une enquête policière pour montrer les coupables du doigt et les condamner, selon les vœux fortement exprimés par les écologistes.