Les marchés à terme, volatilité ou protection ?
Si les marchés à terme peuvent jouer un rôle d’accélérateur de tendance, ils restent connectés aux fondamentaux de l’offre et de la demande. Débat.
Les marchés à terme ont-ils amplifié la volatilité des prix ou contribuent-ils au contraire à l’endiguer ? Le rôle des marchés à terme et la question de la régulation faisaient l’objet d’un intéressant débat animé par l’Association française des journalistes agricoles (AFJA), le 23 novembre dernier à Paris.
Régis Hochart, porte-parole de la Confédération paysanne, a déploré que l’Europe transforme peu à peu les marchés à terme en outil de régulation qu’elle abandonnait par ailleurs. Or les marchés à terme sont un des facteurs de la volatilité des prix, et même l’un des principaux, a-t-il estimé. Une thèse contestée par Renaud de Kerpoisson, président d’Offre et demande agricole, qui a soutenu l’opinion inverse. « Aucune étude sérieuse n’a démontré que la volatilité venait des financiers et des marchés à terme », a-t-il assuré. « Certains travaux font même apparaître l’inverse. Les marchés à terme, en permettant par avance un ajustement de l’offre et de la demande, auraient permis de réduire la fluctuation des prix. » Selon lui, l’histoire des matières premières plaide en ce sens. « Il y a un exemple de marché à terme que l’on a brutalement supprimé, c’est celui de l’oignon aux États-Unis. Que s’est-il passé ? Le marché, sans repère, est devenu plus volatil. Et que je sache, il y a beaucoup de matières premières qui n’ont pas de marché à terme, comme l’acier ou l’engrais. Sont-ils moins volatils ? Au contraire ! Le prix de l’engrais est passé de 100 à 1 000 il y a deux ans. Les spéculateurs n’ont eu aucune responsabilité là-dedans ! ».
Lionel Porte abondait dans cette voie, soulignant l’intérêt pour les opérateurs d’utiliser l’outil des marchés à terme, « le seul qui leur permette de se protéger » dans la mesure où « il n’y a plus d’outil de la part de la Pac aujourd’hui ».