Les JA favorables à une agriculture diversifiée
Organiser les filières autour des enjeux de l'alimentation animale. Telle est l'une des propositions faites par les Jeunes Agriculteurs (JA), à l'issue du bilan de santé de la politique agricole commune. Le syndicat propose une réorientation des aides sur l'herbe, les protéines végétales et les ovins, afin de compenser les écarts de compétitivité entre les productions. Lors d'une conférence de presse de rentrée hier à Paris, JA a évoqué des montants de prime de 150 à 200 euros par hectare de culture protéagineuse et de 120 à 160 euros par hectare d'herbe. « Il est important de prendre en compte l'actif dans l'évolution du soutien agricole, par un plafonnement du soutien à l'herbe et aux protéines et si possible une progressivité dans le prélèvement », a ajouté le président des Jeunes Agriculteurs William Villeneuve. Sa proposition est notamment de majorer la prime aux 25 premiers hectares d'herbe et de minorer les suivants, afin de contrecarrer l'agrandissement des exploitations.
Le maintien des actifs, la priorité
Cette priorité donnée à l'élevage s'explique par le fait que le secteur génère beaucoup d'installations, demande beaucoup de main d'œuvre. Or, JA souhaite maintenir le plus grand nombre d'actifs sur tout le territoire. Le secteur de l'élevage a besoin de protéines végétales, dont l'Union européenne est dépendante vis-à-vis de l'extérieur. Michel Barnier a récemment affiché son soutien à ce type de cultures (voir notre édition du 7 janvier). JA s'est dit satisfait d'un tel appui et a réclamé un plan pluriannuel permettant d'encourager la production sur la durée. « Moins on sera dépendant des importations, plus on maintiendra une agriculture diversifiée sur l'ensemble du territoire, a martelé Bruno Ledru, vice-président de l'organisation. L'UE intervient de moins en moins sur le marché. Cela impose de s'organiser nous-mêmes. Chaque filière est dépendante d'une autre. On doit rendre les gens plus solidaires. »
JA voit d'un mauvais oeil la récente proposition d'Orama d'évoluer vers une prime unique à l'hectare. « Ne plus tenir compte des hommes, de la production, des territoires, dans l'attribution des aides, constitue un danger », a estimé Bruno Ledru. Pour lui, la Pac doit être en mesure de se justifier face aux contribuables. William Villeneuve a souligné sa volonté de « maintenir la diversité des productions et des agriculteurs nombreux sur tout le territoire, pour éviter la spécialisation vers les productions les plus rentables et l'abandon de l'activité agricole dans les zones les plus fragiles. »