Les inspecteurs vétos craignent la RGPP
Les Marchés : Quels sont les enjeux de votre profession pour l'année 2009 ?
Benoit Assemat : Notre profession a pour mission de garantir la sécurité alimentaire des Français depuis la fourche jusqu'à la fourchette. Or, les effets de la RGPP (révision générale des politiques publiques) entamée par le gouvernement devraient déclencher une véritable récession de la sécurité alimentaire. En effet, d'une part, la réorganisation des services de l'Etat va faire disparaître la direction départementale des services vétérinaires départementaux d'ici 2009 ou 2010 et d'autre part, nous allons perdre notre indépendance. Le dispositif retenu va créer une dilution des responsabilités et un éclatement des compétences entre les différents services intervenant dans le contrôle sanitaire de la chaîne alimentaire. Il prévoit également une remise en cause de la chaîne de commandement directe et unifiée nécessaire à l'efficience de l'autorité sanitaire compétente.
Les Marchés : Quels seront les effets de cette nouvelle organisation pour les acteurs de la production alimentaire en France ?
Benoît Assemat : En premier lieu, il faut savoir qu'une crise alimentaire, qu'il s'agisse de l'ESB, de listeria, de fièvre aphteuse, de dioxine ou de grippe aviaire..., coûte extrêmement cher pour les producteurs, les industriels, l'Etat mais aussi le consommateur. Cela peut se compter en centaines de milliers d'euros. En second lieu, le risque est que le niveau de contrôle sanitaire baisse en France et que par répercussion, les échanges internationaux de denrées alimentaires s'affaiblissent.
Les Marchés : Quelles solutions proposez-vous ?
Benoît Assemat :Nous voudrions voir la création d'une super-structure administrative qui regroupe l'ensemble des services dédiés à la sécurité alimentaire avec un financement qui pourrait être assuré par la perception de la redevance vétérinaire. Nous souhaitons également que l'Etat fasse des efforts en matière de recrutement. En effet, la France est l’un des pays d'Europe les moins bien dotés en termes d'effectif par rapport à notre volume de production alimentaire et la tendance est à la réduction du personnel. Nous aimerions également améliorer la situation des agents vétérinaires contractuels qui tout au long de leurs carrières ne peuvent bénéficier d'aucune revalorisation de leur travail.