Les IAA trouvent l’équilibre entre santé et terroir
Après la mode « terroir et naturalité » de l’édition 2002 et la tendance « santé et verrine » de 2006, les industriels auraient trouvé le « bon cocktail » pour proposer des innovations équilibrées lors du prochain Sial, estime Xavier Terlet, président du cabinet XTC. Dans le monde, avec 26 % des nouveaux produits concernés (+19% vs 2006), la santé ressort comme l’axe dynamique de l’innovation agroalimentaire, mais le plaisir reste dominant avec 42 %. Seule l’Amérique du Nord présente un profil différent, la tendance santé y prenant le pas pour la première fois sur le plaisir. La France se démarque toujours des autres pays avec une innovation avant tout motivée par la gourmandise (49,5 % des nouveautés), loin devant la praticité (22,5 %), la santé (15 %), la forme (10,5 %) et l’éthique (2,5 %). Néanmoins, stimulées par l’émergence de la cuisine moléculaire, les mentalités changent. Le consultant partenaire du Sial remarque que « les industriels osent plus »sur les mélanges, les textures et les goûts. Triballat Noyal a ainsi lancé en juin un « yaourt » au soja à l’abricot et au gingembre. Positionné sur un produit pourtant très traditionnel, les Ruchers du Gué a récemment innové avec une gamme d’aide culinaire à base de miel pour les plats salés. Plus audacieux, mais aussi plus risqué, la compagnie des pêches de St-Malo sort en ce moment sur le marché un surimi aux couleurs acidulées, façon bonbon.
Emergence de la cosmétofood
Les recettes traditionnelles inspirent toujours les industriels français mais « c’est une tradition revisitée, débarrassée de ses codes passéistes », analyse Xavier de Terlet. L’Alsacien Feyel a lancé cet été « L’extrême » un foie gras frais de canard entier dans un emballage carton noir et vert prairie, en série limitée. Les fromageries du Dauphiné (groupe Rians) proposent des fromages de terroir français en version mini pour l’apéritif. Plus osé, la société Safa s’est inspirée de l’imaginaire de Chanel pour le design des emballages de ses crevettes géantes tigrées cuites de haute qualité (N° 3 et N° 9). D’une manière générale, le cabinet XTC souligne des frontières de moins en moins marquées entre le monde de la beauté et de l’alimentaire. « Les grands de l’alimentaire prennent leurs marques en cosmétique quand les grands du Cosmétique lorgnent sur l’alimentaire », prévient Xavier de Terlet. Un phénomène qui devrait bousculer les circuits traditionnels de distribution. Le nouveau thé Fauchon avec une promesse beauté se trouve aussi bien en GMS qu’en parfumerie.
Si la cosmétofood devrait rester marginale, la tendance nutrition-santé est vouée à prendre de l’ampleur et elle occupera déjà beaucoup d’espace au prochain Sial. Cette année, le légume envahit tous les secteurs : Tendriade lance par exemple son haché de veau aux 5 légumes, l’Espagnol Clesa sort Activ Sana une boisson lactée avec une portion de fruits ou de légumes.
Qui se cache derrière ses innovations ? Les grandes marques mais, c’est nouveau, les MDD se montrent de plus en plus innovantes, souligne Xavier Terlet. Elles ont porté plus de 21 % des produits à caractère innovant en 2007 contre 5 % il y a six ans.