Les IAA françaises tentent de percer la distribution anglaise
Se faire une place au Royaume-Uni n’est pas chose facile, surtout pour un Français. Au-delà de cette image forcément caricaturale, la réalité de la grande distribution britannique représente un défi pour les entreprises hexagonales. Les voies d’accès semblent devoir passer par les MDD, beaucoup plus présentes chez nos voisins d’Outre-Manche. Dans l’ensemble de la distribution, leurs PDM s’échelonnent de 33 à 44% selon les enseignes (Asda, Sainsbury, Tesco...), Marks & Spencer étant à part avec 100% de MDD.
Lors du salon agroalimentaire IFE, qui se tenait à Londres du 13 au 16 mars, les entreprises françaises étaient surtout là pour tester le marché ou tenter d’y percer. Le boulanger industriel Brioche Pasquier, présent en Angleterre depuis 3 ans, rencontre des difficultés pour placer ses produits. En proposant depuis peu des éclairs (chocolat, café), l’entreprise espère attirer les acheteurs, friands de ce type de pâtisseries fourrées. Mais un représentant confiait que faute de succès, l’expérience anglaise pourrait s’achever d’ici 2 ans.
Le volailler breton Ronsard travaille pour sa part avec des grossistes ou des GMS, mais le marché est déjà embouteillé par les acteurs locaux. Pour s’y faire une place, Ronsard propose des produits fumés (poulets, dindes), affectionnés par la population noire, ou travaille avec des intermédiaires pour la réalisation de coffrets cadeaux.
De manière globale, la balance des échanges France Royaume-uni nous est très favorable dans l’agroalimentaire (voir graphique), avec un excédent de 9,6 millions d’euros en 2004. Mais le vin y est pour beaucoup, une situation qui ne semble pas tenable devant l’offensive du Nouveau Monde, qui a presque bouté les Français hors des linéaires, ou les a contraint à modifier goût et présentation.
Packaging extrêmement développé
Si les Français ont du mal à s’afficher chez Tesco et autres Sainsbury, la réciproque existe pour les industriels anglais. Le fabricant de soupes, potages et sauces, Baxters, qui possède une excellente gamme, aussi longue que les différents franco-anglais, ne la propose pas à l’export pour une raison toute simple : vecteur de qualité dans son pays, l’emballage en boîte de conserve recèle une image trop négative en France.
Venue piocher des idées dans les linéaires anglais, la délégation de distributeurs français présente à Londres cette semaine n’est néanmoins pas repartie les mains vides. Plutôt que des recettes, ce sont surtout le packaging et les solutions de prêt à consommer, extrêmement développées au Royaume-Uni qui leur ont tapé dans l’œil. Sur ce créneau, le pays de Sa Majesté possède une longueur d’avance due au mimétisme avec le modèle alimentaire américain (snacking et multiples prises alimentaires dans la journée). Bonne ou mauvaise, cette tendance en plein développement dans l’Hexagone a sûrement donné des idées. On ne s’y trompait d’ailleurs pas dans les allées du salon IFE. Sur les stands britanniques des produits quatrième gamme où prêts à consommer, il se parlait très souvent français...