Les IAA face à la nouvelle donne économique
Comment gérer la volatilité durable des matières premières et s’adapter à la baisse de la consommation et au durcissement du crédit ? Si, pour certains financiers, il ne semble pas y avoir de ralentissement du crédit, mais plutôt un durcissement des conditions d’accès, la volatilité des matières premières pousse les entreprises à repenser leur stratégie. Quelques sociétés sont venues apporter leur témoignage lors du colloque Agro Finance, organisé par Agra alimentation le jeudi 27 novembre à Paris. Un groupe comme Pernod Ricard qui achète 800 000 tonnes de matières premières principales annuellement pose le problème de l’accessibilité. « Assurer l’accès aux matières premières reste le principal problème pour nous. Il faut agir sur le long terme et avoir des stratégies de partenariat avec nos fournisseurs », indique Thierry Billot, directeur général adjoint en charge des marques du groupe Pernod Ricard. Pour la coopérative Agrial, la contractualisation reste une démarche impliquante pour ses producteurs. « Les marchés à terme sont des outils intéressants mais ne sont pas la panacée, surtout en France où les exploitations sont plutôt familiales », explique Jean-Marie Meulle, directeur général de la coopérative.
Amoindrir l’impact sur les marges
De son côté, Sofiprotéol adopte la contractualisation pluriannuelle. « Il y a un engagement sur les quantités pour que les outils soient remplis avec un prix moyen et un seuil minimum pour les producteurs et les coopératives. C’est un moyen d’amortir les fluctuations des matières premières. Il est très important d’utiliser toutes les techniques pour améliorer ses marges. Les marchés d’options sont de plus en plus utilisés », précise Philippe Tillous-Borde, directeur général de Sofiprotéol. Pour la société Meralliance, leader français du saumon sous MDD, l’année 2006 aura marqué un nouveau pas dans sa stratégie. « Notre sourcing est devenu un axe stratégique à part entière. Pendant six mois, nous avons subi une hausse de 50 % du prix du saumon faisant vaciller notre résultat d’exploitation de 6 à 7 millions d’euros », souligne Gilles Charpentier, pdg de Meralliance. Pour mieux gérer ses fluctuations, la société a notamment décidé de diversifier son sourcing en adoptant une démarche de « pêche responsable » et en proposant une offre de poisson Label Rouge. Pour tenter d’amoindrir l’impact des hausses de matières premières sur leurs résultats, les IAA voient dans la mise en commun de leur fonction d’achat une opportunité de partager leur savoir-faire en la matière. La constitution d’un GIE permet de mutualiser leurs compétences et leurs moyens d’achat et de mieux gérer la qualité des matières premières achetées. La société bretonne Guyader est impliquée, par exemple, dans un GIE composé de dix autres sociétés concurrentes ou non, dont Brient, Fromapac, Hénaff, Stalaven. Initié en 1971, le volume d’achats du GIE est passé de 54 millions d’euros en 2005 à 85 millions en 2008, avec un objectif de 100 millions l’année prochaine.