Les GMS, têtes de turc de Jean-Pierre Raffarin
La grande distribution est décidément l’objet de toutes les attentions du gouvernement. Mais loin de la pomponner, le Premier ministre a tiré dessus à boulets rouge vendredi dernier, lors de la présentation d’un plan d’action en faveur du commerce de proximité. La formule énoncée par Jean-Pierre Raffarin a le mérite d’être claire : « je ne crois pas que l’hypermarché soit l’avenir du commerce dans ce pays».
L’ancien ministre des PME, du Commerce et de l’artisanat (un poste occupé de 1995 à 1997) est retourné l’espace d’une journée à ses premières amours, en annonçant pour les prochains mois la mise en place d’un plan de dynamisation des commerces de proximité, doublé d’une campagne de communication d’envergure nationale. La réévaluation des montants alloués au Fisac (fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce), passant de 50 à 60 millions d’euros pour 2005, va par exemple servir à financer des expérimentations de dynamisation, en particulier dans les villes de plus de 30 000 habitants.
Objectif de baisse des prix de 5%
Le Premier ministre, lors de sa visite dans quelques boutiques du Perreux-sur-Marne, s’est prononcé contre l’ouverture dominicale des grandes surfaces et le changement de la réglementation sur l’ouverture des magasins ce jour-là. Cette charge contre les GMS correspond au constat dressé par Matignon sur la grande distribution, qui a modifié les habitudes de consommation « mais ne répond pas toujours aux attentes d’une nouvelle clientèle plus âgée, à la recherche d’une plus grande activité commerciale».
Les mesures dévoilées en la présence de Christian Jacob sont destinées à renforcer un secteur en difficulté : selon les chiffres fournis par Matignon pour la période 1993-2003, le nombre de petits commerces alimentaires s’est replié au bénéfice de la grande distribution. Pendant ces 10 ans, 6,4 % des boulangeries artisanales ont baissé le rideau de fer, un chiffre qui atteint 21 % pour les commerces de viande et même 31 % pour les commerces de produits de la mer.
Responsables désignés, les grandes surfaces et la guerre des prix qu’elles mènent ont suscité des commentaires plutôt acerbes du Premier ministre, qui a fixé un objectif de baisse des prix de 5% dans les GMS grâce à la réforme de la loi Galland, un effort « financé sur les marges des distributeurs, c’est-à-dire sur leur coopération commerciale. Ils ne doivent pas demander aux autres de la financer». Ce point de vue est partagé par Claude Bellot, président de la CGAD (Confédération générale de l’alimentation de détail), qui souhaite faire le ménage dans les marges arrière, tout en gardant un œil sur les prix d’appel des GMS, dont l’attractivité détourne les acheteurs des commerces de proximité. « Les mesures annoncées par M. Raffarin vont dans le bon sens» a précisé M. Bellot, qui avoue cependant être dans l’attente des conclusions sur le toilettage de la loi Galland avant de pouvoir souffler. Car une baisse des prix pourrait signifier un retour plus franc des consommateurs dans les linéaires, au détriment des commerces de proximité. La retenue est donc de mise, avant de faire la balance entre le coup de pouce au petit commerce et la réforme de la loi Galland dont les conclusions devraient être connues au mois de mars.