Les fondamentaux sont de retour
Le marché du blé s’est consolidé à Chicago en début de semaine avec le rebond des marchés financiers. Mais le marché européen ne devait pas suivre le mouvement. Le prix du blé reculait mardi sur le marché à terme européen Euronext, (voir ci-contre) tout comme le physique.
Il semble que les fondamentaux, en l’occurrence l’abondance des disponibilités du moment et celles attendues en fin de campagne, prennent plus précisément le pas sur la réflexion spéculative. Le marché intérieur tire peu, les utilisateurs étant couverts, la pression des blés fourragers anglais sur notre propre marché a laissé des traces et, sur les marchés d’exportation pays tiers, la différence de prix, de l’ordre de 20 dollars avec l’origine mer Noire, ne permet pas de passer les blés européens. Ajoutons à cela un dollar reparti à la baisse et l’on comprend la perte de compétitivité du blé français l’exportation.
Stocks surabondants et récolte copieuse
On connaît l’importance des stocks de report prévisibles tandis que, sauf accident climatique toujours possible, la prochaine récolte française et européenne s’annonce copieuse. Nous en avons donné les prévisions essentielles, d’après le Coceral, dans notre édition du quotidien de lundi, notamment celles concernant la France. Mais compte tenu de l’imbrication de plus en plus étroite entre les marchés de l’UE, la situation de certains de nos voisins mérite attention. Ainsi, l’Allemagne, qui s’est révélée un concurrent sérieux sur les marchés extérieurs durant cette campagne, n’alignerait qu’une moisson de blé tendre de 23,96 millions de tonnes, soit 2 millions de tonnes de moins que l’an dernier. En revanche, elle obtiendrait une très grosse récolte d’orge, quasi équivalent à celle de 2008 : 11,9 millions de tonnes. Le Royaume-Uni, qui avait connu une forte moisson de blé en 2008, avec 17,4 millions de tonnes, la verrait redescendre à 14,9 millions de tonnes, ce qui la rendrait moins concurrentielle à l’export, y compris sur notre propre marché, tout comme l’orge espagnole dont la récolte tomberait de 11, 3 millions à 9 millions, élargissant notablement notre débouché communautaire. Parmi les nouveaux membres, la Pologne est créditée d’une prévision de récolte de 26,9 millions de tonnes, très proche du niveau de l’an dernier, avec notamment 8,8 millions de tonnes de blé. La production hongroise de maïs perdrait 1 million de tonnes, à 8 Mt.
Dans une telle conjoncture, la rétention d’offres est-elle une stratégie réaliste ? Dans le bulletin Actualités Agricoles, Vincent Magdelaine, directeur de Coop de France métiers du grain, écrit à propos des dépôts par les agriculteurs dans les OS et les stocks à la ferme : « … Autant de marchandises qui ne sont pas disponibles à la commercialisation, ce qui nuit à la fluidité du marché.Tout le contraire de ce qu’il faudrait pour terminer cette campagne dans les meilleures conditions possibles… »