Aller au contenu principal

Les fab inquiets de l'essor des coproduits à la ferme

La crainte des fabricants d’aliments est que les tourteaux issus des biocarburants ne constitue une concurrence directe. L'innovation représente un puissant facteur de différenciation pour les fabricants d'aliments.

« L’utilisation en direct des aliments à la ferme est en progression. C’est une source d’inquiétude pour les fabricants d’aliments composés », a déclaré mercredi Christian Bluard, directeur de Techna, lors d’un colloque de l’Association française des techniciens de l’alimentation et des productions animales (Aftaa). L’animatrice des « journées des matières premières » Patricia Lecadre a expliqué que « les coproduits des biocarburants sont de plus en plus vendus par les fournisseurs directement aux agriculteurs». Sa crainte est que l’utilisation des tourteaux conduise à « shunter le fabricant d’aliment ». « Les conditions sont propices à une rupture de stratégie alimentaire dans les élevages d’herbivores », a jugé Olivier Lapierre, directeur du Centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales (Céréopa). Il y voit une opportunité de redéployer l’offre.

Quels sont les éléments de différenciation des fabricants d’aliments composés, face à un environnement hostile ? Les congressistes ont pu donner leur avis en direct, à l’aide d’un boîtier électronique. Résultat du vote, 39 % d’entre eux pensent au partenariat avec d’autres acteurs de la filière, 33 % à la mise en place d’aliments plus performants. Pour Christian Bluard, « l’innovation représente un des facteurs de différenciation obligatoires pour le fabricant. C’est un moyen incontournable de gagner en compétitivité. »

Gisements de compétitivité

Il a identifié trois domaines pour illustrer les projets d’innovation. Tout d’abord, l’utilisation de solutions à base de substances d’origine naturelle d’efficacité prouvée. « Le taux d’utilisation de médicaments en élevage est à un niveau anormalement élevé», selon lui. Des solutions efficaces, sûres et prouvées doivent être proposées au monde de l’élevage. Le directeur de Techna a prôné un assouplissement de la réglementation, afin d’autoriser l’emploi d’allégations. Autre gisement de compétitivité, l’approfondissement de la connaissance fine de la valeur nutritionnelle des matières premières. Christian Bluard a chiffré à 200 millions d’euros par an pour le marché français le coût que représente 5 % d’incertitude dans ce domaine. Il souhaite que le système d’évaluation des matières premières devienne spécifique à la dinde. Dernier domaine évoqué, la mise au point d’outils informatiques de simulation du fonctionnement technico-économique d’une filière et d’aide à la décision pour le choix des paramètres.

« Le fabricant doit trouver un repositionnement, notamment au niveau de la firme services et de la valeur ajoutée de ses produits », a souligné Patricia Lecadre. Pour elle, son approche est aussi trop technique ou économique et gagnerait à se rapprocher davantage de la logique guidant le consommateur. « L’organisation en filière est pour cela indispensable », a affirmé l’analyste de marché.

Les plus lus

Œufs : le bond des importations européennes vient d’Ukraine, mais aussi de Turquie

L’évolution des prix des œufs français, au 19 décembre 2025, expliquée par le journal Les Marchés, qui publie trois fois par…

Gilles Huttepain, Vice-président de l'interprofession Anvol
Le poulet chinois s’impose en Europe, la volaille française alerte

La filière poulet française s’inquiète d’un afflux inédit en provenance de Chine, qui dégage ses surplus de filets de poulet…

douanier chinois devant un ordinateur
Viande bovine : la Chine enquête toujours sur ses importations et pourrait les limiter

Les résultats de l’enquête chinoise sur les perturbations de son marché intérieur de la viande bovine par les importations ne…

poules rousses en cage dans un élevage
Interdiction des poules en cage : « c’est le bon moment pour agir »

Des députés français demandent la Commission européenne d’inscrire l’interdiction de l’élevage de poules pondeuses en cage…

Anvol analyse volailles
Poulet : la hausse de 3,7 % de la production française ne suffit pas pour répondre à la demande

La consommation de volailles, et en particulier de poulet, poursuit sa progression amorcée depuis plusieurs années. Les achats…

Dinde en élevage
« La production de dinde est stable en 2025, c’est une bonne nouvelle »

Après plusieurs années de recul, la filière dinde semble retrouver de la stabilité dans les abattages en France. Malgré une…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio