Les Européens favorables à une lutte active contre l’alcoolisme
L’Europe est le continent ou la consommation d’alcool est la plus élevée au monde. Or l’alcool est responsable de 8 à 10 % de la totalité des maladies et blessures dont au moins 10 000 morts dans des accidents de la route de l’Union européenne. 75 % des citoyens de l’Union européenne déclarent avoir consommé des boissons alcoolisées dans les douze derniers mois (enquête Eurobaromètre, mars 2007). Sachant que dans certains pays, pour des raisons culturelles, les personnes interrogées ont tendance à sous-estimer leur consommation. La proportion des personnes déclarant avoir bu dans les trente derniers jours est assez similaire : les consommateurs très occasionnels sont donc rares.
Par rapport à la même enquête conduite en 2003, la proportion des buveurs d’alcool augmente de 6 %. L’Autriche enregistre la plus forte augmentation (+13%) alors que l’Italie reste stable (à 55 % de « buveurs »). Près de la moitié des personnes déclarant avoir bu durant le mois précédant l’enquête l’ont fait une fois (25 %) ou deux à trois fois par semaine (23 %). Les Portugais sont les plus nombreux à boire au quotidien, mais peu de verres à la fois alors que les Irlandais sont les plus nombreux à ne boire qu’une fois par semaine, mais au moins trois verres en une fois. La fréquence des grosses consommations est supérieure en Espagne et en Autriche. Au total, un Européen sur dix annonce boire plus de cinq verres en une fois : les jeunes sont les plus nombreux à faire des « beuveries ». Mais, depuis 2003, la tendance est à la réduction du nombre de verres consommés en une fois même si la proportion des plus gros buveurs (4 verres ou plus en une fois) reste stable à 10 %.
Sans surprise, les hommes consomment en moyenne plus d’alcool que les femmes. La majorité des femmes n’a pas bu d’alcool au Portugal (52 % contre 20 % d’homme) ou en Italie (51 contre 28 % d’homme) tandis qu’au Danemark, cette proportion n’est que de 10 % (contre 5 % d’hommes).
Responsabilité individuelle ou action publique ?
Les citoyens de l’Union européenne sont divisés quant à savoir si les individus sont suffisamment responsables face aux dangers liés à l’alcool ou si les pouvoirs publics doivent intervenir pour protéger la population. Plus le répondant boit (fréquemment ou en grosse quantité), plus il est favorable à l’action individuelle. Ceux qui n’ont pas consommé de boissons alcoolisées sont plus nombreux à croire dans l’action publique.
Les leviers ne sont pas simples. Ainsi, les interviewés affirment en général qu’ils ne seraient pas sensibles aux modifications de prix sauf les jeunes, plus enclins à dire qu’ils achèteraient moins d’alcool si son prix montait. Pour autant, deux tiers de la population pense que les prix plus élevés ne décourageraient ni les jeunes ni les gros buveurs de consommer. Deux pays sont clairement à l’opposé de cette croyance : la Finlande, où la consommation a beaucoup augmenté suite à la suppression de taxes, instaurée par l’Union européenne, et la Roumanie, où le niveau de vie explique une plus grande sensibilité au prix.
Dans toute l’Union européenne s’exprime un large soutien à l’idée d’avertir les femmes enceintes et les conducteurs des dangers de la consommation d’alcool. Les répondants sont d’accord à 77 % pour que des messages soient apposés sur les bouteilles d’alcool et que des messages publicitaires y soient consacrés. Ils sont à peu près le même nombre à penser qu’il faudrait interdire toute publicité incitant les jeunes à consommer. Un consensus encore plus grand (87 %) est atteint pour l’interdiction de vente d’alcool à toute personne de moins de 18 ans.
Le taux d’alcoolémie standard pour tous les conducteurs de véhicules motorisés, qui devrait être adopté dans l’Union, ne doit pas excéder 0,5 g/l, une limite déjà posée dans de nombreux pays. Il est cependant question d’imposer une limite plus basse voire un taux d’alcoolémie zéro pour certaines catégories de conducteurs. Trois pays ont déjà instauré une limite zéro pour tous les conducteurs : la République Tchèque, la Hongrie et la Slovaquie. La peur du gendarme semble encore la plus crédible : 80 % des citoyens de l’Union pensent que des contrôles policiers aléatoires réduiraient la consommation avant que le conducteur ne prenne le volant.