«Les essais aux Etats-Unis ne sont pas une solution»
LM : Que répondez-vous aux destructeurs d’essais OGM en plein champ ?
Alain Toppan : Les « faucheurs volontaires » oublient que les essais OGM en plein champ sont mis en place après une longue procédure d’évaluation notamment par rapport aux risques possibles d’une telle action. Le public est informé, nous effectuons des contrôles et les informations récoltées sont ensuite analysées par les autorités. Nous faisons des essais dans un contexte rigide, encadré, avec toutes les précautions nécessaires et en toute légalité. Pour information, tous nos essais de maïs se font sur des plantes transgéniques castrées.
LM : Comment expliquez-vous alors ces oppositions ?
Alain Toppan :Je pense que certains espèrent ainsi lutter contre la mondialisation. J’avoue que j’ai du mal à les suivre. Mais, globalement, je constate un gros déficit d’information par rapport aux OGM. D’ailleurs, la majorité des politiques ont sur ce sujet une vision et des positions à l’emporte-pièce. Il serait bon que les chercheurs du public et le gouvernement communiquent à ce sujet.
La mission parlementaire sur les essais en plein champ fait actuellement un bon travail et j’ai bon espoir qu’elle puisse informer et faire changer les mentalités quant aux OGM qui sont une des solutions offertes à l’agriculture pour notamment améliorer la qualité de ses produits et diminuer l’utilisation de pesticides. Elles sont également une piste possible face aux besoins de nourriture de certaines populations.
LM : Face aux fauchages répétés, Biogemma va-t-il poursuivre ses essais en France ?
Alain Toppan : Actuellement, nous faisons quelques rares essais aux Etats-Unis mais ce n’est pas une solution car techniquement, les maïs ne sont pas les mêmes qu’ici, ils sont plus tardifs. Par ailleurs, il est gênant pour des projets de recherche de devoir traverser l’Atlantique. Nous avons donc déposé 3 nouvelles demandes d’autorisation d’essais au champ pour 2005, essais qui doivent être réalisés en Auvergne où est implanté notre principal laboratoire. Malheureusement, nous ne saurons pas si elles sont acceptées avant fin avril.
Biogemma investissant chaque année 15 M Eur dans la recherche, nous espérons un rappel à la loi pour les « faucheurs volontaires » car ces destructions sont inadmissibles. Nous devons impérativement réaliser des essais au champ pour valider nos travaux de laboratoire.