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Les éleveurs de poulets fermiers veulent lever les malentendus

Lors d’une réunion animée jeudi dernier à Angers, responsables de groupements, fournisseurs et techniciens en volailles de chair labellisées ont considéré le besoin de consolider les fondations du Label rouge.

La pérennité du « poulet fermier », le sens de la « qualité supérieure » et la motivation du gouvernement à l’égard du Label rouge sont queleques-unes des interrogations soulevées à la journée technico-économique organisée jeudi dernier par l’Itavi (Institut technique de l’aviculture) et le Synalaf (Syndicat national des Labels avicoles de France). C’est le projet de décret devant encadrer le terme « fermier » qui a le plus remué les représentants des Fermiers de l’Ain, Landais ou de Janzé venus à Angers. Le président du Synalaf Gérard Lannelongue, lui-même éleveur fermier du Gers (ancien président d’Avigers), a clamé l’inadéquation de ce texte avec « le lien fermier-Label rouge » établi depuis 40 ans par les producteurs avec l’accord explicite des consommateurs. Dans sa subite volonté d’accélérer ce dossier vieux de plusieurs années, le ministère de l’Agriculture a simplement omis de mentionner le Label. Son vice-président, Eric Cachan (Fermiers de Loué) y voit un « malentendu» mais Gérard Lannelongue devine une main tendue vers les petits producteurs indépendants, branchés sur des circuits courts de commercialisation.

Même si le décret ne remet pas en cause l’acquis, le lien fermier-LR pourrait se distendre à l’avenir, au gré des révisions des notices techniques qui sont les bases de tout Label rouge. Des « pressions» s’exerceraient sur le sacro-saint « triptyque» associant « production fermière », « bassin de production » et « qualité supérieure » ; celui-là même qui doit constituer la colonne vertébrale de la nouvelle notice technique Chaque espèce se référerait à un tronc commun, la « notice technique Volailles de chair », assortie d’une fiche spécifique..

Attention à ne pas abaisser la barre de qualité

Le Synalaf travaille dans le cadre du Cerqua (Centre de développement des certifications des qualités agricoles et alimentaires) avec les filières veau, agneau, bovins et porc sur un double emploi du terme « fermier» et fera dans le mois des propositions d’amendement au projet de décret cadre. Il demande aux OPA, dont les Chambres d’Agriculture, de prendre position. Il sera dès lors possible de déterminer des critères d’exploitation (taille d’atelier, lien au sol…), de traçabilité et de mise en marché, ceux-ci conciliant les deux approches, en producteur indépendant ou en groupement, avec ou sans label.

« L’objectif n’est pas de rabaisser la barre, a rassuré un responsable du ministère de l’Agriculture. Il y a une attente très forte du consommateur, qu’il convient de clarifier ». Le débat est d’autant plus complexe que pour les Anglais ou les Italiens, le terme « fermier » désigne des poulets aux manières rustiques, qui grattent le sol pour se nourrir.

La deuxième question qui taraude les producteurs sous label est la notion de « qualité supérieure ». Celle-ci devra englober, dans la prochaine notice technique, les volailles entières ainsi que les découpes et les produits transformés. Le filet de poulet illustre la difficulté de la question. Un récent numéro de 60 millions de consommateurs n’attribue pas de supériorité gustative au blanc sous Label. Les recherches à l’Inra de Cécile Berri, une des intervenantes à la journée d’Angers, non plus (d’autres tests seront faits). La chercheuse reconnaît aux découpes labellisées une meilleure tenue de tranche, une teinte plus rosée, mais un aspect plus humide et une perte en eau supérieure lors de la transformation ; ce dernier comportement de la viande étant corrélé à une tendance au stress des volailles Label lors de l’abattage (ce qui peut se palier).

Ces désavantages se cumulent au prix plus élevé de la matière première labellisée. Derrière le poulet certifié, locomotive de la découpe, la découpe label recule : -10 % d’achats des ménages entre 2001 et 2003, a montré Pascale Magdeleine, du service Economie de l’Itavi.

La Commission des labels aux abonnés absents

Les groupements de producteurs ont ces états d’âme alors que le ministère montre peu d’empressement à constituer la nouvelle CNLC. Sans Commission nationale des labels et certifications depuis le début de l’année, les dossiers s’empilent. Sans section d’examen des référentiels (SER), ils craignent que la notice technique ne traîne. « Il faudrait qu’on retrouve des conditions de travail plus sereines», a protesté Eric Cachan, vice-président.

Face à la progression des produits certifiés, qui jouent parfois de leur ressemblance avec les produits fermiers, les conférenciers se sont promis de d’afficher plus ostensiblement leurs valeurs.

Et c’est la tête haute qu’ils s’achemineront vers l’Assemblée générale du Synalaf, le 25 juin prochain à Angers, où il sera peut-être question des politiques de qualité en Europe.

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