Les écologistes s’invitent à l’European seafood exposition
Venus protester contre la surpêche de thon rouge, plusieurs dizaines de militants de Greenpeace ont perturbé mercredi le salon international des produits de la mer à Bruxelles. Ils ont d’abord envahi le bassin face à l’entrée du salon, déployant une banderole « don’t buy tuna » (« n’achetez pas du thon »), avant de s’enchaîner aux stands de Mitsubishi, Moon Marine, Azzopardi et Ricardo Fuentes, les principaux acteurs de l’industrie du thon rouge. Plus discrète, l’association Seafood choices alliance a profité de ce rendez-vous professionnel majeur du secteur pour diffuser son premier « guide des espèces pour un marché des produits de la mer durables ». Ce document conseille par exemple aux professionnels d’arrêter « les achats de cabillaud hormis ceux provenant du Nord-Est Arctique et ceux d’Islande » et leur « recommande se tourner vers des espèces de poisson blanc issus de pêcheries durables, comme le colin d’Alaska ou le lieu noir ».
Conscients de la montée en puissance des pressions écologistes sur la pêche et confrontés à la raréfaction des poissons blancs, certains acteurs de la filière ont choisi de s’engager volontairement dans une démarche responsable. Ils ont utilisé le salon pour médiatiser ce qui devient un argument marketing. Le groupement des Mousquetaires a ainsi officialisé mercredi, à Bruxelles, l’obtention de la reconnaissance « pêche responsable », par le Bureau Veritas, de sa filiale Scapêche pour le lieu noir, la lingue bleue, la baudroie et le sabre noir.
Claresse®, un «nouveau» poisson est né
Le leader mondial du saumon, Marine Harvest, a pour sa part annoncé un partenariat avec WWF-Norvège. L’objectif : réduire l’impact écologique de ses fermes aquacoles. Le slogan « Seafood for a better life » signe le nouvel engagement du groupe. Après Findus, le quimpérois Meralliance a lancé officiellement cette semaine au salon sa gamme de poissons (merlu, hoki, saumon) labellisée MSC, en exclusivité chez Monoprix depuis trois semaines.
Tous se sont néanmoins fait voler la vedette par Anova, un groupe néerlandais (200 M Eur de CA, 100 salariés), récompensé par le prix spécial Seafood prix d’Elite pour son nouveau poisson Claresse®. Créé en 1994, ce groupe s’est d’abord spécialisé dans la Perche du Nil avant de se diversifier vers des espèces aquacoles comme le pangas vietnamien, ou le tipalia chinois. Il y a un peu moins de quatre ans, le groupe s’est lancé le défi de développer en Hollande un élevage en circuit fermé d’une nouvelle espèce de poisson. « On a cherché à trouver une réponse à la raréfaction de la ressource », explique Nicolas de Mahuet, directeur commercial et marketing d’Anova Food France. « Le Claresse®, qui fait l’objet d’une marque déposée, est un poisson d’eau douce issu d’un croisement entre deux poissons-chats »…Nous n’en saurons pas plus. Anova garde jalousement le secret de sa création lancée cette semaine au Seafood. Moins fade au goût que d’autres espèces comme le pangas, le Claresse® se rapproche plus d’un poisson marin que d’un poisson d’eau douce. Il est aussi commercialisé à un prix supérieur. Testé aux Pays-Bas et en Belgique (à 14-16 euros du kilo contre 10-12 pour le pangas), ce nouveau poisson d’élevage est déjà sur les étals d’une chaîne de distribution française. Mais les volumes (en frais) ne seront vraiment disponibles qu’en août. Anova vise les 20 000 t de Claresse® à l’horizon 2010. Cette espèce est recommandée comme durable par WWF et l’association néerlandaise Northsea Foundation (NSF).