Les crus français protégés en Australie
Sancerre, Champagne, Chablis, ou encore Saint Emilion, Bourgogne etc… : autant d’appellations qui ne seront plus usurpées en Australie. Un accord bilatéral signé lundi dernier entre l’Australie et l’Union Européenne a entériné un vieil accord qui existait déjà depuis 1994 et qui avait défini la cessation d’utilisation de termes viticoles européens assortie d’une période transitoire. « Nous avons mis longtemps à signer cet accord, mais beaucoup d’usurpations avaient déjà cessé en Australie, souligne Véronique Fouks, directrice juridique de l’Inao. Les Australiens sont des gens pragmatiques et ils avaient bien compris qu’il fallait cesser afin qu’ils puissent faire rentrer aussi leurs produits. » Cet accord incorpore également des mentions traditionnelles apparaissant sur les étiquetages telles « vintage », « grand cru », ou des modes de fabrication tels « méthode champenoise ». « Mais il va falloir rester vigilants, poursuit Véronique Fouks. Les Australiens vont devoir modifier leurs lois viticoles. Il ne faut pas qu’il y ait des différences d’interprétation. »
Les vins plutôt mieux protégés
Aujourd’hui, sur le plan viticole, nos vins sont plutôt bien protégés sur un plan international, mais il reste encore des poches de résistance dans certains États où la négociation est difficile comme l’Argentine et le Brésil. Ce sont de véritables négociations diplomatiques, gérées par les Affaires Étrangères. Et puis il reste également la 2e phase des accords U-E/E-U qui n’est pas terminée notamment en matière d’étiquetage. « La Chine s’ouvre de plus en plus au domaine viticole, remarque la directrice juridique de l’institut. Il subsiste dans ce pays des usurpations mais aussi et parfois surtout des contrefaçons, sur le cognac notamment. Il va falloir entreprendre des négociations assez vite compte tenu de l’élévation du niveau de vie, les produits réputés et chers vont très vite progresser ».
Mais si les vins sont bien protégés, il en va autrement pour les produits solides. En dehors de la Suisse avec laquelle nous avons entamé un cycle de négociations qui progressent très lentement, il y a peu de négociations en cours « Un des cas les plus flagrants reste le pruneau d’Agen avec des pays tels que l’Argentine ou le Chili. C’est difficile, car pour eux la dénomination pruneau d’Agen est devenue soit générique, soit le nom d’une variété. Nous essayons de leur faire comprendre qu’ils auraient tout intérêt à valoriser leurs propres productions à leur nom plutôt que de continuer sous celui d’Agen ». Bref, en dehors de l’extension de la protection dans le cadre du registre des accords ADPIC, il subsiste très peu de marges de manœuvre.