Les côtes-du-rhône voudraient monter en gamme
Le 19 janvier prochain, une première réunion de la filière viticole rhodanienne lancera la réflexion sur une nouvelle segmentation pour les vins de la Vallée du Rhône. « Nous constatons, explique Christian Paly, président d’Inter Rhône, que les vins de la Vallée du Rhône sont présents sur tous les segments commerciaux avec une présence très significative sur le segment des bas prix. Or cette situation n’est plus supportable ni pour les producteurs ni pour les metteurs en marché ». Des rendements faibles, des prix bas par rapport à des coûts de production élevés entrainent des problèmes de rentabilité des entreprises, estime-t-on dans la région.
« Face à cette situation, nous avons trois possibilités, détaille Christian Paly : la première consiste à ne rien faire ; la seconde serait d’attendre la sortie de nos vins du segment 1 er prix naturellement, ce qui prendra du temps et induira une diminution du vignoble. Ces deux solutions ne nous conviennent pas. C’est pourquoi nous songeons à une remise à plat de la segmentation des vins de la Vallée du Rhône, sans toucher aux AOC, en inventant un nouveau socle commun rhodanien. »
L’IGP, porte de sortie ?
L’idée fondamentale est de continuer sur le segment des 1 er prix (qui concerne près d’un million d’hl), mais avec des conditions de production différentes de l’AOC. « Nous devons parvenir à ramener le prix de revient en dessous de 70€/hl afin d’être efficaces sur les vins d’entrée de gamme, poursuit le président d’Inter-Rhône. Pour y parvenir nous n’avons pas encore d’idées arrêtées. Dans un premier temps, nous allons nous entourer d’experts pour parvenir à une définition du produit destiné au segment 1 er prix en étant à l’écoute des marchés français et d’exportation. Nous travaillerons également sur les aspects techniques pour produire différemment et retrouver un volant de rentabilité » .
Quant à la méthode, rien n’est déterminé, mais Inter Rhône et les syndicats doivent prendre le dossier à bras le corps, car les opérateurs se disent décidés à avancer. Des pistes pourraient s’ouvrir en travaillant sur le vignoble et une adaptation des techniques de production, en définissant un nouveau type de vignoble ou en « spécialisant » une partie des vignobles pour les adapter aux contraintes économiques du segment 1 er prix. « Nous ne produirons pas du vin de table,martèle Christian Paly , et à mon sens, l’IGP peut être une sortie. Quelle que soit la solution retenue, et aujourd’hui nous n’avons que des pistes, nous aurons besoin de l’adhésion du plus grand nombre de viticulteurs. Une solution alternative pour 100 000 hl n’apporterait rien au problème. »
Une récolte en baisse
En ce qui concerne la récolte 2008, les décomptes finaux sont encore en cours au sein de la profession, mais la tendance est clairement à la baisse de 10 à 15% des volumes par rapport à 2007. Par conséquent, les sorties de chais ont été plus importantes et en début d’année, les stocks sont à minima égaux à l’an dernier voire légèrement inférieurs. Une situation plus intéressante au niveau macro économique que micro écono-mique : « En dépit de la morosité ambiante, cette tendance indique que l’appellation se porte bien sur le marché intérieur comme à l’export qui progresse un peu, conclut Christian Paly. En revanche, au niveau des entreprises l’addition de la baisse des prix de vente, des difficultés de commercialisation et de la faible récolte 2008 rend la situation extrêmement fragilisante et compliquée. »