Les coopératives doivent encore gagner en valeur
«La modernisation des coopératives agricoles est désormais impérative et urgente », juge Xerfi. Dans une récente étude Les coopératives agricoles - Quelles stratégies de modernisation et de croissance ?, collection Precepta., le cabinet suggère à la profession d'effectuer un virage marketing. Les opérateurs sont confrontés à plusieurs défis de taille, notamment l'intégration de l’aval de la filière agricole pour se rapprocher du consommateur avec des produits innovants et valorisés. D'autant que la dégradation de la conjoncture économique va encore durcir un peu plus les rapports de force. « Le risque est de voir les coopératives être les grandes perdantes de ce nouveau jeu concurrentiel au profit de la grande distribution, mais aussi d'industriels agroalimentaires privés qui affirmeront un peu plus leur pouvoir de marché, ravalant les coopératives au simple rôle de sous-traitant », souligne Xerfi.
Les coopératives représentent 12 % des IAA, mais seulement 8 % du CA du secteur. Quelque 2 300 coopératives rassemblent la quasi-totalité des 545 000 exploitations agricoles de l'Hexagone. Pour répondre à une intensification de la compétition internationale, les groupes coopératifs français doivent poursuivre leur politique de rapprochement, préconise Xerfi. Le cabinet souligne le récent regroupement, dans le secteur de la viande, entre Bigard-Charal et Socopa qui a permis l'émergence d'un troisième acteur européen, derrière le danois Danish Crown et le numéro un, le néerlandais Vion Food. Hors de l'Europe, la concurrence est également active, avec la montée en puissance de la filière volaille au Brésil. En France aussi, les groupes coopératifs doivent continuer à s'unir pour mieux négocier face aux centrales d'achat et aux industriels de l'agroalimentaire, devenus de plus en plus puissants.
Disposer de marques fortes
Mais, c'est surtout du côté de l'intégration verticale que les efforts doivent porter. Xerfi recommande que les coopératives s'impliquent davantage dans la transformation des produits. « Plus les performances économiques sont élevées, moins les coopératives sont pré-sentes », souligne le cabinet, qui note l'absence de ces entreprises sur les secteurs les plus porteurs de l'agroalimentaire. Parmi ceux-ci, la filière boisson ainsi que la biscuiterie, chocolaterie-confiserie ou encore l'alimentation infantile. L'objectif doit être de « déplacer le centre de gravité des opérateurs vers les segments les mieux valorisés ». Les coopératives agricoles ont intérêt à « devenir des acteurs de la seconde transformation à la tête de marques fortes ». « Le développement en aval est synonyme de rapprochement des circuits de distribution et plus globalement du consommateur, poursuit l'étude. C'est dans ce contexte que les groupes de la coopération vont devoir donner un coup d'accélérateur à leurs stratégies marketing à moyen terme. Il ne s'agit pas pour eux de gagner seulement en taille, il leur faut aussi gagner en valeur, afin d'assurer leur pérennité dans un contexte alimentaire où l'innovation demeure la clé du succès des industriels ».