Les contradictions du prix du lait
La mise en cause de la légalité de l’accord sur le prix du lait par la DGCCRF, en mai 2008, apparaît de plus en plus comme l’une des principales erreurs du gouvernement Fillon dans le domaine agricole. Une décision, il faut le rappeler, imposée alors par le secrétaire d’État à la consommation Luc Chatel, mais que Michel Barnier n’a pu ou su prévenir. Le démantèlement d’un système qui fonctionnait cahin-caha depuis 12 ans fut justifié par la sacro-sainte défense du pouvoir d’achat, à l’époque où les prix des produits laitiers étaient jugés trop élevés. Rien ne dit bien sûr que si la recommandation nationale existait encore, éleveurs et transformateurs seraient parvenus à un accord ces derniers jours. Tout au moins un outil de négociation objectif et contractuel existait-il, de ceux que les autres interprofessions agricoles n’ont jamais pu mettre en place et dont, ô paradoxe, le même gouvernement souhaiterait que les filières s’emparent pour mieux organiser leur économie de marché. En cette période, une méthode de lissage des prix aurait été la bienvenue. Car le marché des produits laitiers rencontre bel et bien une phase de creux assez exceptionnelle, après l’envol de 2007. Les différentes cotations publiées parLes Marchés en témoignent. Les raisons de ce retournement sont connues : une reprise sensible de la croissance de la production au niveau mondial, et un repli de la demande en Europe, accentué en Asie par le scandale du lait frelaté. Ces rebonds confirment le caractère indispensable de meilleures organisations communes de marché. Celles-là même que l’on est en train de faire disparaître à petit feu.