Les commerçants de détail s’inquiètent pour leur avenir
La crise économique commence à toucher les commerçants, en particulier le secteur de l'hôtellerie-restauration. Selon la troisième vague du baromètre « L'observatoire des commerces » réalisée fin novembre dernier par Ifop pour Médicis, la mutuelle de retraite des indépendants, 61% des 802 commerçants interrogés sont inquiets pour l'avenir de leur propre commerce.
Les commerçants confirment enregistrer une baisse de leur activité depuis septembre 2008. « Nous constatons une dégradation massive du taux de satisfaction de l'activité économique, moins 12 points entre mai(date de la deuxième vague du baromètre ndlr) et novembre 2008 », note Frédéric Michau, directeur des études du département opinion et stratégies d'entreprise à l'Ifop. Si les Français gardent une image positive des commerces, les consommateurs ont décidé de limiter leurs dépenses et leurs habitudes de fréquentation se modifient. 55% des professionnels interrogés considèrent que leurs clients viennent moins souvent.
Dans ce contexte de morosité, les commerces d'alimentation et de métiers de bouche semblent moins touchés par ces changements de comportement. Le taux de la baisse de fréquentation atteint 45% pour l'alimentation générale et 51% constatent un changement de fréquentation, contre 61% pour l'ensemble des secteurs. La perspective des fêtes de fin d'année semble préserver le moral de ces professionnels. Pour l'Ifop, ces changements d'habitude attestent de la prise de conscience des Français que la crise économique touche désormais l'économie réelle. Si le pouvoir d'achat était en tête de leurs préoccupations, l'emploi est dorénavant l'objet principal de leurs inquiétudes. Pour 44% des Français interrogés, ils ont renoncé définitivement à un ou plusieurs achats et 32% des consommateurs ont puisé dans leur épargne pour assurer leurs dépenses courantes.
Scepticisme envers les mesures anti-crise
Avec la crise financière, les commerçants affichent une moindre confiance envers leurs banquiers. Pour 35% d'entre eux (45% pour l'alimentation et 45% pour l'hôtellerie-restauration), ils attendent notamment qu'elles « accordent une certaine souplesse dans le remboursement des crédits ». Pour Michel Clerc, directeur général de Médicis, la problématique du crédit est un frein persistant pour le développement du commerce de proximité qui n'est pas étudié par les pouvoirs publics. «Les commerçants continuent à être les grands oubliés des pouvoirs publics et sont absents du plan de relance. Le gouvernement oublie que le commerce de proximité est un vrai relais de croissance pour la France », s'indigne Michel Clerc. Les mesures prises par le gouvernement, notamment l'ouverture des commerces le dimanche et la facilité d'implantations des grandes surfaces (loi LME), laissent sceptiques les commerçants. 77% des professionnels considèrent que cette disposition est une « mauvaise chose car la concurrence entraînera à terme la disparition des petits commerces », et les Français gardent le même scepticisme.