Les chiffres de la rentrée
La trêve estivale n’en est pas vraiment une cette année pour le commerce agricole. L'agitation de ces dernières semaines se résume en quelques chiffres, à commencer par l'un des indicateurs phare de l'activité du secteur : le prix des céréales. Vendredi, le blé standard rendu Rouen cotait 225 euros/tonne (il était à 100 euros en début de campagne !). Une orientation qui augure de lendemains difficiles pour le monde de l'élevage, d'autant que la récolte 2007 s'annonce de jour en jour plus maigrelette : 32,5 Mt de blé selon les dernières statistiques de l'ONIGC. La conjoncture devrait figurer au premier rang des conversations lors des deux rendez-vous des filières animales de la rentrée: le Space puis le Sommet de l'élevage. Autre chiffre de l'été à retenir : 20 000 hectares de maïs OGM ont été semés en France lors de cette campagne. L'information illustre qu'en dépit des multiples pressions exercées par les faucheurs, les OGM rencontrent un certain intérêt auprès des producteurs français. Un intérêt moins idéologique que technique faut-il le rappeler, le choix des semences concernées étant motivé par la possibilité de supprimer des traitements lourds et coûteux et de prévenir des baisses de rendement. Cette donnée révèle aussi qu'une faille est en train de se creuser entre deux conceptions de l'agriculture, en France même. Enfin le troisième chiffre qui ait retenu notre attention peut paraître anecdotique, mais il est révélateur des orientations profondes d'une société. C'est la somme totale qu'aura coûté, de 1996 à 2006, la réintroduction de quelques ourses dans les Pyrénées : 12 millions d'euros, dont 2,24 millions pour la seule Franska. La publication de ces sommes par le très écologiste Libération (10/8) a valu au quotidien de se faire sévèrement tancer par ses lecteurs. Témoignant ainsi qu'un autre fossé est en train de naître entre les agriculteurs de ces régions et une partie de la société. Cette dernière pourrait prendre en compte avec profit un dernier chiffre : celui du revenu des éleveurs ovins. Il figure dans le peloton de queue du monde agricole.