Les céréaliers français pour une jachère obligatoire à 0 %
Les organisations céréalières françaises, par la voix d’Orama, ont demandé au ministre de l’Agriculture d’agir au sein des instances européennes, notamment à l’occasion du Conseil des ministres de l’Agriculture du 16 juillet, pour que le taux de jachère obligatoire, actuellement de 10 % soit ramené à 0 % pour les semis 2008. Rappelons que cette demande avait été formulée au niveau communautaire par le Copa et la Cogeca, auprès de la Commission. Dans un communiqué daté du 2 juillet (LM du 5 juillet), ces organes consultatifs représentant les organisations agricoles européennes expliquaient les raisons de la forte hausse des prix des céréales par l’accroissement régulier du déséquilibre entre la production céréalière mondiale et des besoins en progression constante. Parmi les besoins nouveaux, figurent les débouchés industriels, plus particulièrement les biocarburants.
Le Copa-Cogeca s’efforçait de dédouaner ces utilisations industrielles de la hausse des prix en rappelant qu’elles ne représenteront en 2007 que 5 millions de tonnes dans une production européenne estimée à 275 Mt ; tout en reconnaissant que la demande mondiale en céréales, maïs en particulier, est « tirée en partie par le développement du bioéthanol aux Etats-Unis ».
Débridé outre-Atlantique, modéré de ce côté
Comme nous le signalions récemment, le CIC estime à 86 Mt les utilisations américaines de maïs pour la production d’éthanol cette campagne afin d’assurer une capacité de production de biocarburant U.S en progression de 50 %, les usines de transformation poussant à un rythme accéléré outre Atlantique. Un peu trop vite sans doute pour ne pas courir des risques de désillusions, voire de fermetures d’usines. Bruno Hot, directeur général de l’ONIGC comparait, à l’occasion du dernier conseil de l’Office, la multiplication débridée des industriels américains à la sagesse des programmes français qui ne compromettent pas les approvisionnements des autres industries traditionnellement utilisatrices de céréales : la meunerie et l’alimentation animale.
Celles-ci sont actuellement touchées de plein fouet par la hausse des prix des céréales, dont l’origine mondiale ne permet pas une gestion au plan national. Pour le moment, la demande d’Orama, comme celle du Copa-Cogeca, ne porte donc que sur une campagne de semis et constitue un palliatif très provisoire et partiel à tension des prix, mais qui devrait permettre néanmoins de juger de la nécessité d’une jachère instituée à l’origine, faut-il le rappeler, dans le souci de freiner la production. Actuellement, la jachère agronomique en France est de l’ordre de 1,2 million d’hectare et se partage grosso modo entre 1/3 de jachère industrielle, 1/3 de jachère environnementale et 1/3 de jachère dans le sens le plus négatif du terme : rien !