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Leroy rend sa production de saumon plus responsable

« Préserver l'environnement pour préserver la ressource ! » Avec un tel slogan, le numéro 2 mondial du saumon d'élevage veut recruter de nouveaux consommateurs. Sa politique RSE s'affirme comme « l'arête centrale » d'une stratégie de conquête. Reportage.

Les deux premières fermes piscicoles appartenant au groupe norvégien Hallward Leroy(1) viennent d'obtenir la certification d'aquaculture durable ASC (Aquaculture stewardship council) en février 2014. Une certification qui est à l'aquaculture ce que la certification MSC (parfois critiquée) est à la pêche.

D'ici à la fin de l'année, trois autres fermes du numéro 2 mondial de l'élevage du saumon espèrent obtenir le précieux sésame en nourrissant les poissons « en quantité raisonnable et durable et en minimisant l'impact de l'élevage sur les stocks de saumon sauvage ». L'obtention de cette certification en amont de la filière saumon du groupe est en pleine cohérence avec la démarche RSE entreprise sur les deux sites français de transformation de la filiale française Hallvard Leroy AS (Saint-Laurent-Blangy près d'Arras et Saint-Jean-d'Ardières près de Lyon).

« L'enjeu sociétal et environnemental fait partie à part entière de la stratégie de notre groupe », souligne Jean-Pierre Gonda, di-recteur industriel des sites Fishcut d'Arras et d'Eurosalmon de Lyon depuis dix ans. Avec les bureaux commerciaux de Boulogne-sur-Mer, ils constituent les trois implantations de la filiale française du groupe norvégien, dirigée par Henri Lapeyrere.

Tout sauf « une usine de poissons »

Partant du constat que le dernier kilomètre coûte souvent très cher à l'industriel, Leroy a choisi dès son arrivée en France de s'implanter au cœur des bassins de consommation et sur des zones logistiquement stratégiques.

« Ce que nous avons fait en France, nous l'avons également entrepris en Turquie, Hollande, Danemark, Espagne ainsi qu'en Norvège. À chaque fois, nous créons de petits outils industriels capables de s'adapter à la demande locale », rappelle Jean-Pierre Gonda pour qui, flexibilité et réactivité constituent des socles de la stratégie du groupe. Mais la filiale française a voulu aller encore plus loin en faveur de l'environnement et de l'amélioration des conditions de travail de ses salariés. « Nous avons commencé voici dix ans dans notre première usine d'Arras, puis voici 4 à 5 ans à Lyon », souligne cet ancien vétérinaire. La création du nouveau site d'Arras, opérationnel depuis juillet 2013, a permis à la politique RSE du groupe de prendre sa pleine efficacité.

Les 5 500 m2 de l'usine sont conçus en basse consommation, le fréon et le R404 ont été remplacés par l'ammoniac et le CO2 . « Nous récupérons l'énergie à tous niveaux pour chauffer une partie des locaux. Nous avons surtout conçu une usine agréable pour l'activité des salariés travaillant en permanence à 2 °C. Et nous sommes très attentifs à la prévention des maladies professionnelles », souligne Jean-Pierre Gonda.

C'est ainsi que le robot chargé de débarquer le poisson est emprunté à l'industrie automobile. Son utilisation permet d'éviter des manipulations douloureuses. « Leroy a conçu son nouvel outil français non comme une usine de poissons, mais comme une usine agroalimentaire dans le respect des normes », ajoute-t-il.

Choix stratégiques différents

Dès 2008, Leroy a entrepris une analyse du cycle de vie (ACV) avec l'appui du cabinet conseil Carbone4 en étudiant toutes les opérations allant de la partie abattage des poissons en Norvège jusqu'au magasin dans lequel le consommateur achète son pavé de saumon. Une ACV qui devait permettre de valider les options prises par le groupe en faveur de la préservation de l'environnement et d'un recyclage optimal des déchets. « Notre consommation de carbone a baissé de deux tiers sur cette partie-là », explique Jean-Pierre Gonda.

Les efforts entrepris n'ont pas été minces : remise en cause du transport des poissons, de l'emballage et des suremballages, de l'utilisation de la glace… Avec l'ensemble de ces mesures prises, Leroy a supprimé un camion sur deux. Testée d'abord en France, l'opération a été généralisée dans la plupart des usines européennes du groupe.

Dès la sortie des fermes d'élevage norvégiennes, le saumon est abattu, étêté, éviscéré, désarêté, et transformé en filets de 1,5 à 2 kg… puis mis sous emballages plastiques protecteurs et conditionné dans des caisses plastiques de conception Leroy. Plus de glace et plus d'emballage en polystyrène : c'est ainsi plus de 30 % en moins de produits transportés. Et par camion frigo, 6 tonnes de glace en moins !

NI CUIT, NI FUMÉ... POUR L'INSTANT !

En France, Leroy commercialise en BtoB ses filets de saumon à destination de l'industrie de la fumaison (50 %), des GMS (25 à 30 %) et le reste vers la RHD et l'exportation. Objectif : aller vers une plus grande élaboration des filets de saumon. Tranchés, émincés, parés… Leroy multiplie les références pour ses clients. Mais ne va ni dans le cuit, ni dans le fumé : « pour l'instant ! », lance Jean-Pierre Gonda.

« On a pris des choix stratégiques un peu différents de ceux de nos concurrents », précise le directeur d'Arras en mettant en avant l'analyse du cycle de vie comme un « élément d'efficacité opérationnelle et de différenciation commerciale ». Les sites d'Arras et de Lyon sont ISO 14001, IFS, et travaillent du saumon sans antibiotique, avec une majorité de caisses lavables et sans adjonction de glace.

(1) Élevages de la société Villa Artic AS de Jarfjord et Leroy Midt Hognseset Nord. Hallward Leroy commercialise 225 000 t/an de poissons dont 70 % de saumons d'Atlantique.

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