« L’équitable », une solution pour l’agriculture du Sud ?
Dans cette quinzaine placée sous le signe du commerce équitable, bon nombre d’évènements ont pour vocation d’expliquer cette démarche relativement jeune aux consommateurs. Plusieurs marques comme Artisans du monde ou encore Ethiquable ont à cœur de populariser une pratique somme toute encore marginale en France. Le flou entourant le fin distinguo entre les différents modes de production, « issu de l’agriculture biologique », « éthique » ou « équitable », contribue sans nul doute à laisser le consommateur perplexe sur le choix des produits et leur mode de consommation.
L’action auprès des consommateurs reste un enjeu clé auprès des producteurs évoluant dans le commerce équitable, majoritairement des pays du sud, en voie de développement. Le commerce équitable concerne aujourd’hui 1,4 million de producteurs. Le label Fairtrade/Max Havelaar, présent dans 21 pays, soutient depuis 20 ans l’idée de « Trade, not aid », littéralement « du commerce, pas de l’aide ». Le label, certifié par Ecocert, rend identifiable le commerce équitable par le marketing et démontre une volonté affirmée d’établir un cadre responsable autour de l’axe nord/sud. La quinzaine du commerce équitable a donné lieu à une rencontre entre plusieurs acteurs de la filière agricole française, indienne, malienne, péruvienne, dans un lieu pour le moins symbolique, l’Assemblée des Chambres d’agriculture en partenariat avec le Crédit Agricole.
Miguel Paz, gérant commercial de la coopérative de café Cecovasa au Pérou, a expliqué que, dans sa structure, 87 % du café était exporté, dont 70 % vers l’Europe et 30 % vers les Etats-Unis. La création d’une boutique officielle n’est pas chose aisée, l’idéal étant de s’adresser à des consommateurs ayant les moyens de les payer. La Cecovasa a créé son propre label (le café Titicaca) et vend 80 % de son café à Max Havelaar. Les priorités pour que la démarche soit selon lui durable : le renforcement du pacte « consommateur- producteur » et la constitution de l’interprofession (regroupant toutes les coopératives, les producteurs et industriels).
La France encore hésitante
Pour Soloba Mady Keita, secrétaire général de l’Union nationale des sociétés coopératives des producteurs de coton du Mali cette mise en place d’une interprofession représente une phase d’évolution nécessaire, dans un pays où le coton est un enjeu stratégique, garant de la pérennité économique nationale. Le commerce équitable s’appuie sur un savoir- faire local mais aussi sur le sensoriel et l’émotionnel, des notions nettement moins présentes, voire totalement absentes dans la démarche de grands groupes industriels.
Malgré un succès grandissant vis- à- vis de consommateurs militants, et un souci de reconnaissance, le commerce équitable peine à obtenir un aval officiel en France, les pouvoirs publics hésitant à engager leur responsabilité. Selon Jean Laurens, agriculteur et président du comité national IGP (Indications géographiques protégées), labels et STG de l’INAO, le commerce équitable est une voie en pleine expansion dont l’encadrement officiel ne pourrait qu’accélérer le développement.