L’emmental revalorisé dans le sillage du lait
Après des années de baisse, la valorisation de l'emmental s'est enfin appréciée. Confronté à une augmentation de la matière première sans précédent, le premier fromage de France en volume n'a eu d'autre choix que de répercuter la situation sur ses tarifs. Ainsi, le prix a peu varié de 2005 à 2007 mais en 2008, « l'évolution à fin avril est de +12,4% pour le prix de vente, et cela n'est pas fini » note Michel Roche, directeur du Syndicat des fromages à pâte pressée (SFPP). Pour autant, qu'on ne taxe pas l'emmental de participer à l'inflation puisque depuis décembre 2002, « le prix moyen a chuté de 2,5% » rappelle le directeur.
Après une période de flottement due à l'augmentation rapide des prix de vente, les consommateurs se tournent de nouveau vers un produit dont l'industrie de la seconde transformation est également friande. Depuis le début de l'année, les ventes ont ainsi progressé de 6,6% tandis qu'en termes de fabrication, les entreprises françaises n'ont pas chômé comme en témoigne l'écart entre les tonnages français et étrangers. Il s'est accentué en 2007, après plusieurs années de régression. Compte tenu de la forte hausse de la collecte laitière dans le grand Ouest depuis la fin d'année 2007, les industries de l'emmental tournent à plein régime pour assurer la transformation. En 2008, la fabrication d'emmental a bondi de 21%, et ces volumes supplémentaires doivent se faire une place au moment où certaines enseignes n'hésitent pas à proposer de l'emmental hollandais, « un phénomène encore inexistant il y a quelques mois » selon Michel Roche. Très répandu et banalisé, l'emmental a souvent eu des problèmes de valorisation, mis sous l'éteignoir pour le moment. Les évolutions législatives à venir (loi de modernisation de l'économie et mise en avant du format hard discount par les pouvoirs publics) pourraient faire réfléchir sur le futur de ce fromage. Mais le SFPP ne semble pas inquiet, devant l'implantation progressive des marques dans ce réseau de distribution.