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« L’élevage biologique doit être sécurisé »

L'interprofession étudie la mise en place d'une caisse de sécurisation. Pour améliorer la valorisation des produits, elle travaille sur l'équilibre matière. Explications de Philippe Cabarat.

LM : Les études montrent un décalage entre les intentions et les actes d'achat de viande bio. Comment atténuer ce phénomène ?

PH. C. Une particularité de la viande bio est qu'elle est peu distribuée dans les magasins spécialisés. Si on considère l'ensemble des produits biologiques, ce circuit pèse environ 30 %. Pour la viande, il ne représente que 5 à 10 %. L'inconvénient en GMS est que nos produits se retrouvent noyés dans le conventionnel. Il faut encourager la mise en place de rayons spécifiques au bio. C'est ce qui a permis à l'agneau de doubler ses ventes l'an dernier. Jouer la carte multi espèces permet de réaliser des économies d'échelles. La filière ovine a aussi profité d'un meilleur fonctionnement en amont. Une concentration de l'offre est intervenue avec la naissance du groupement de producteurs Unébio. Des distributeurs ont accepté de regrouper les différentes espèces de viande bio dans leurs linéaires. On peut citer Auchan, mais aussi Monoprix.

LM : Comment entretenir cette dynamique ?

PH. C.En créant des synergies entre opérateurs. Il y a quelques semaines, nous avons réuni à Sisteron des bouchers exerçant dans l'artisanat, chez Auchan, ainsi que des responsables de magasins spécialisés, avec au programme une visite en élevage et en abattoir. L'idée est de faire ressentir l'élan en faveur du bio. Cette année, des formations leur seront proposées. On veut corriger l'image négative de notre filière en termes de professionnalisme. Un gros effort de communication est aussi entrepris pour augmenter le nombre de points de vente. Ce travail est complété par la recherche d'un meilleur équilibre matière. Actuellement, une campagne vise à promouvoir les produits hachés. L'objectif est d'améliorer la valorisation des viandes. A peine 50 % de la carcasse des bovins étaient commercialisés dans le circuit du bio, il y a quatre ou cinq ans. On parvient désormais à monter jusqu'à 90 %. Certaines périodes sont plus favorables que d'autres, l'été restant particulièrement difficile. C'est aussi en lançant de nouveaux produits que les débouchés deviendront plus réguliers, en s'ouvrant à d'autres circuits, comme la RHD.

LM : Y a-t-il d'autres pistes pour renforcer le bio ?

PH. C. Une réflexion est menée au sein d'Interbev sur la mise en place d'outils de régulation. Le marché fonctionne bien quand l'offre dépasse un peu la demande. C'est ce qui permet au client de choisir. Mais le prix peut être sous pression et descendre sous le coût de revient. D'où l'intérêt de disposer d'une caisse de sécurisation. Je ne vois pas trop d'avenir à la viande bio sans l'existence d'un tel dispositif. Certains politiques l'ont compris en l'insérant dans leur Contrat de projet, comme dans la région Centre. Ailleurs, des primes au maintien du bio contribueront de la même façon à sécuriser la filière. La Bretagne a inscrit la mesure dans son Contrat de projet. Cette régionalisation des politiques présente un inconvénient, qui est l'émergence de distorsions de concurrence.

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