L'eau de pluie, un filon pour Skywater
Le 27 octobre, le coup de pouce est venu du ministère de l'Écologie. Avec la mise en place d'un plan de gestion de la rareté de l'eau, qui entre autres prône la valorisation des eaux de pluie pour les industriels et les collectivités, Skywater s'est senti confortée dans ses choix.
Créée en janvier 2004, cette PME installée à Reims connaît une certaine réussite, basée sur une idée simple : la récupération des eaux de pluie. Encore balbutiant en France, le système se développe à vitesse grand V à l'étranger, et commence à susciter l'intérêt des industriels, qui disposent en général de grands bâtiments, aptes à recueillir de gros volumes d'eaux de pluie. « Nous ne ferons jamais dans l'alimentaire direct ou dans le corporel », tient à préciser Willy Rohdmann, cofondateur et directeur associé de Skywater. Malgré cela, les applications ne manquent pas, entre le nettoyage, le refroidissement, la viticulture ou l'agriculture.
À quelques encablures du siège de la société, une maison de champagne s'est convertie au système, et utilise l'eau pour le traitement des vignes, mais également pour les machines d'embouteillage comme le rince col, gros consommateur d'eau. La pluviométrie moyenne enregistrée en France, si elle est captée, permet de récupérer par an 750 litres d'eau de pluie par mètre carré de toiture. Stockée, filtrée et éventuellement ionisée, cette eau tombée du ciel représente un poste d'économie non négligeable. L'environnement législatif favorise Skywater, puisque le projet de loi sur l'eau qui sera discuté à l'Assemblée nationale en février prochain devrait rendre le stockage ou la rétention obligatoire, pour éviter l'engorgement des systèmes de drainage en cas de fortes pluies.
Atteindre 20 concessions d'ici la fin de l'année
L'entreprise, qui détient un brevet sur un système de basculement automatique eau de pluie/eau de ville pour alimenter une source en continu, espère se démarquer du stockage classique. Et le discours marche plutôt bien. Si 5 % des particuliers entrant en contact finalisent le projet d'installation, ce taux atteint 80 % chez les industriels, qui peuvent être équipés avec des cuves de plusieurs dizaines de milliers de litres, voire plus. « Nous nous adressons aux industriels et aux collectivités, avec qui nous pouvons faire du sur-mesure », ajoute M. Rohdmann.
Une usine de fabrication de plats cuisinés ainsi qu'une fromagerie de l'Yonne sont déjà équipées, et lors du salon Batimat à Paris, la fréquentation a été inattendue pour Skywater. Avec l'épuisement des ressources en haut combiné à la hausse régulière du prix du mètre cube, le travail ne manque pas. De 14 concessions aujourd'hui, Skywater prévoit d'en atteindre 20 d'ici la fin de l'année, et 70 fin 2007.