Le vin français perd de son lustre à l’export

Les performances de nos échanges extérieurs en mars n’auront pas contribué à améliorer le bilan agroalimentaire du premier trimestre 2009, qui s’est achevé sur un excédent de 1,14 milliard d’euros, soit pratiquement 1 milliard d’euros de moins que pour la période correspondante de l’an dernier. Dans ce bilan, les deux champions de nos exportations, les céréales et les vins et spiritueux, ont réagi différemment. Alors que la baisse des prix des céréales a nuancé le record absolu en volume des sorties de céréales, le résultat pour les vins et spiritueux est négatif, en volume comme en valeur.
C’est d’autant plus déplorable que nos produits vinicoles ont été, ces dernières années et jusqu’en 2008, en progression constante. La concurrence des vins du « Nouveau Monde » (lire p 8-9) n’y est sans doute pas pour rien. L’excédent vin en fin de trimestre représente 968 millions d’euros (M€) contre 1,42 milliard pour les trois premiers mois de 2008, et celui des spiritueux est tombé de 401 à 295 M€. La dégradation de l’excédent est essentiellement due à celle des exportations, les importations étant relativement stables.
Une baisse de 28 % en valeur en trois mois
En mars, les exportations françaises de vin accusent encore un recul de 4,8 % en volume et de 18 % en valeur, avec 428 M€. Sur le trimestre, la baisse en volume atteint 15 %, mais 28,6 % en valeur avec 1,1 milliard. Enfin, sur 12 mois lissés, la baisse des exportations porte sur près de 12 % en volume et 8 % en valeur, avec un chiffre d’affaires de 6, 3 milliards d’euros.
Les plus grosses déceptions proviennent des articles qui furent, ces dernières années, les porte-drapeaux de nos exportations vinicoles. D’abord le champagne, qui a de nouveau subi en mars une réduction de ses ventes extérieures de 40 % en volume et de 46,7 % en valeur. Sur le trimestre, la régression représente 48 % en volume et 51,7 % en valeur, pour un chiffre d’affaires de 226,3 M€. Cette défaillance s’explique d’une part par le souci des importateurs de continuer à déstocker et à éviter un restockage financièrement lourd. D’autre part, le champagne est un vin festif et l’ambiance de crise internationale ne facilite pas ses ventes, tant à l’exportation que sur le marché national. Sur l’ensemble de l’année, on peut s’attendre à une baisse totale à deux chiffres des expéditions, les petits producteurs étant sans doute moins menacés que les grandes maisons. On notera que certains vins mousseux en AOC ont enregistré de fortes progressions en mars : + 120 % en valeur pour le limoux et + 70 % pour le bourgogne.
Quant aux bordeaux, qui avaient profité l’an dernier de ventes à prix élevés du millésime 2005, ils voient leurs exportations régresser au premier trimestre, de 22 % en volume et de 24 % en valeur.
Pour ne pas être totalement négatifs, nous signalerons la progression de 8 % en valeur des côtes de Provence rouges et rosés et de 28 % des côtes du Ventoux. Enfin, dans cette période de crise, les vins de table ont progressé de 5,7 % en volume mais se sont simplement stabilisés en valeur, les vins de pays résistant (- 5,7 % en valeur) relativement mieux que les AOC.