Le Tokay hongrois veut protéger son appellation
A l’occasion du festival annuel des vins de Tokay, durant le week-end de Pentecôte, les viticulteurs s’en sont pris aux nombreuses « contrefaçons », du « Tocai Friulano » italien, au « Tokachi » japonais, qui abusent, selon eux, de la fameuse appellation hongroise. « Le Tokay est aussi hongrois que Ferenc Puskas », le footballeur légendaire de l’équipe de Hongrie, finaliste de la Coupe du monde en 1954, a expliqué le président de l’Académie hongroise des vins, Balazs Tarjan. Selon lui, le Tokay, que le roi de France Louis XIV avait qualifié de « vin des rois et roi des vins » ne doit tolérer aucune récupération de son nom.
« Les noms similaires au Tokay créent la confusion chez les consommateurs, c’est pourquoi nous pouvons les considérer comme des contrefaçons », estime Istvan Muller, chargé de la défense de l’appellation Tokay au ministère hongrois de l’Agriculture. La Hongrie est membre de l’UE depuis le 1er mai. Selon son traité d’adhésion, le pays disposera des droits exclusifs de l’appellation Tokay au sein de l’UE à partir du 31 mars 2007.
Mais d’autres lui contestent ce droit
L’Italie, notamment, qui produit le « Tocai Friulano », a lancé une procédure d’appel auprès de la Cour européenne de Justice, estimant qu’accorder la marque Tokay aux Hongrois représentait une « discrimination ». « L’Italie cherche à reporter de façon illimitée », l’accord des droits exclusifs sur le Tokay à la Hongrie, a indiqué un responsable du ministère italien de l’Agriculture, sous couvert de l’anonymat. La Hongrie est également en contentieux avec la Slovaquie, dont certaines régions vinicoles font partie de la région Tokay, située à environ 250 km au nord-est de Budapest, à la frontière entre les deux pays.
La Hongrie veut accorder à la Slovaquie le droit de produire du Tokay sur seulement trois terrains représentant une surface de 330 ha, « à condition que la Slovaquie adopte les lois hongroises encadrant la fabrication de vin et si des contrôles de qualité communs sont mis en œuvre», indique Zoltan Harcz du ministère hongrois de l’Agriculture.
La Slovaquie, pour sa part, affirme que son Tokay est aussi bon que celui de Hongrie et qu’elle n’a pas l’intention de limiter sa production.
« La Commission a reconnu la région de Tokay mais pas la frontière politique qui la sépare entre Slovaquie et Hongrie, ce qui signifie que nous pouvons produire et exporter le Tokay slovaque », explique Juraj Tomaga, porte-parole du ministère slovaque des Affaires étrangères.