Le secteur de la viande en pleine restructuration

Les difficultés liées à la conjoncture économique et la volonté des entreprises du Sud-Ouest de « faire le poids » face aux géants de la viande, entraînent des restructurations et des regroupements qui changent significativement le paysage de la filière. La semaine dernière, c’est le groupe coopératif basque Lur Berri, d’Aïcirits (Pyrénées-Atlantiques), qui annonçait sa prise de participation majoritaire dans la société Spanghero, à l’occasion d’une augmentation de capital. « Nous voulons bâtir un groupe de taille régionale, en rapprochant les entreprises Spanghero, spécialiste de l’abattage, la découpe et la transformation en produits frais élaborés et plats cuisinés appertisés (cassoulet, confit), et Arcadie Sud-Ouest, également abatteur, découpeur et spécialiste du frais,explique Olivier Gémin, directeur général de Lur Berri. Pour Arcadie, dont nous possédons 43 %, aux côtés d’autres coopératives (Unicor, Capel, Synergie, SHBV), l’accès à l’activité plats cuisinés est une suite logique de son développement. Nous créons ainsi, avec Spanghero, avec qui nous avons une vision commune de l’activité, un groupe complet, de l’élevage au produit transformé, composé uniquement d’entreprises régionales. »
Lur Berri a ainsi apporté 5,1 millions d’euros dans l’entreprise Spanghero, ce qui lui permet d’en posséder aujourd’hui 90 % des parts. A ses côtés, les actionnaires historiques, la famille Spanghero et le Groupe coopératif occitan (qui fait aujourd’hui partie du groupe Arterris), mais aussi Arcadie qui a injecté 300 000 euros dans l’augmentation de capital, se partagent les 10 % restants.
Une nouvelle entité de 115 000 tonnes
Ainsi constituée, la nouvelle entité économique représente une activité de 115 000 tonnes, toutes espèces et tous niveaux d’élaboration confondus.
Arcadie, qui avait déjà en charge, depuis novembre 2008, la gestion industrielle et commerciale de l’abattage et de la découpe du site Spanghero de Castelnaudary (Aude), poursuivra cette activité. En échange, Spanghero s’était vu confier l’activité de transformation du site Arcadie de Bordeaux (1 500 t, 10 M€ de CA) qui a été rapatriée sur Castelnaudary au 1 er janvier dernier. L’entreprise chaurienne se recentre ainsi, pour sa part, sur l’aval de la filière. En 2006-2008, elle avait investi 12,5 millions d’euros pour restructurer son usine de produits élaborés frais. Un investissement important qui, couplé à une année 2008 difficile, marquée par une chute de rentabilité et un contexte défavorable engendré par la mise en place de la LME, a fragilisé l’entreprise.
Lur Berri tient à garder une activité sur le site de Castelnaudary, implantation stratégique pour ouvrir l’activité d’Arcadie aux marchés du Sud-Est de la France, qui ne font aujourd’hui que 8 % de son chiffre d’affaires. La taille de ce nouveau groupe régional devrait lui permettre d’aborder aussi le reste de l’Hexagone, voire l’export.
Regroupements au Nord et au Sud
Autre rapprochement en vue, celui des coopératives Unicor (Aveyron) et Synergie (Ariège), afin de « constituer un pôle bovin régional de référence », devrait avoir lieu en juin prochain. Les deux coopératives rayonnent sur des territoires différents, mais sont depuis longtemps investies dans des démarches communes, notamment dans l’actionnariat d’Arcadie Sud-Ouest, dont elles possèdent 25 % du capital pour Unicor et 10 % pour Synergie. La nouvelle entité rassemblera 100 000 bovins, apportés à 50/50 par les deux coopératives, traditionnellement vendus comme broutards en Italie ou comme bovins de boucherie. L’ensemble du groupe Unicor, ainsi redimensionné, représentera un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros.
Enfin, la restructuration ovine du bassin des Pyrénées est également en cours, avec la signature, fin mars, d’un protocole d’accord pour le transfert de l’activité ovine de Gascoval (coopérative de la Gascogne et des Pyrénées) vers Terre Ovine. Créée en 2007 pour assurer la commercialisation des agneaux des adhérents de l’ex-OP Audecoop et des ex-adhérents de la Socovigap, cette SCA mettra sur le marché, avec la production de la section ovine de Gascoval, 70 000 agneaux sous la mère par an. « Créer une coopérative ovine indépendante dans le contexte actuel a été osé, mais nécessaire, souligne André Lafage, président de Terre Ovine. Ce choix a été motivé par la volonté de sortir des logiques territoriales et de marchés des coopératives céréalières, où les ovins n’ont aucun pouvoir de décision. »