Le sans OGM a ses partisans dans les filières animales
Filière d’alimentation animale n’autorisant pas les OGM ? Nourris sans OGM, minimum garanti 99,1 % ? Les membres du groupe de travail CNC consacré à l’étiquetage des produits animaux issus de filières sans OGM pourraient bientôt recommander une mention pour un étiquetage volontaire Groupe de travail CNC présidé par Claude Duchemin (DGCCRF), dont les rapporteurs sont Olivier Andrault (UFC Que Choisir) et Olivier Carné (Coop de France).. Les associations de consommateurs demandaient à l’origine, comme les associations pour l’environnement, un étiquetage « OGM » de tous les produits issus d’animaux ayant consommé des OGM. Elles ont, fin 2007, changé de position en demandant un étiquetage des produits « sans OGM ». L’objectif des associations de consommateurs est de « permettre à chacun de choisir en connaissance de cause », en obtenant un consensus politiquement acceptable et sans noyer les rayons de produits étiquetés OGM. L’alliance avec les associations de protection de l’environnement est rendue possible car ces dernières veulent limiter les cultures OGM en s’appuyant sur les consommateurs. Enfin, certaines filières agroalimentaires soulignent leurs efforts pour obtenir une allégation « techniquement » acceptable. Même si toutes ne les suivent pas.
Les politiques marchent sur des œufs
Sur le champ politique, le Parlement européen hésite dans cette période préélectorale : une proposition en commission agriculture a été repoussée, mais le rapport d’initiative de Maria Peltre adopté le 10 mars (qui devient donc une résolution) demande à la Commission européenne de « présenter une proposition législative ». Cette dernière se tient en retrait et observe pour l’instant les initiatives locales, comme en Allemagne. Le 26 septembre 2008, Greenpeace y a en effet salué l’arrivée du lait Landliebe labellisé sans OGM de Campina.
L’étiquetage « ohne Gentechnik », c’est-à-dire sans recours à la biotechnologie, retient le seuil de 0,9 % comme seule barrière entre étiquetage OGM et étiquetage sans OGM. Et cela, si les animaux n’ont pas consommé d’aliments « étiquetés OGM » dans la période précédant leur consommation, variable selon les espèces : de 12 mois pour la viande à 10 semaines pour les poulets de chair. Surcoût d’approvisionnement, définition précise des contaminations croisées « techniquement inévitables », impuretés, échantillonnage, méthodes de dosages... autant de problèmes soulevés par les opposants à un tel étiquetage.
Le « ohne Gentechnik » fera-t-il tache d’huile ?
Car la crainte est, outre les difficultés d’approvisionnement (y a-t-il assez de matières premières sans OGM pour toutes les productions animales ?), le risque juridique et, évidemment, d’image.
Le marché « sans OGM » concernerait moins de 1 % de la viande de porc, environ 5 % du lait et les deux tiers de l’aviculture. D’ailleurs, Stolle (second producteur avicole allemand) a annoncé son désir d’étiqueter ses produits et le leader, Wiesenhof, communique depuis longtemps sur ses pratiques « non OGM ». Outre la démarche réglementaire en Allemagne, l’Autriche dispose d’une filière laitière « non OGM » et l’Italie a l’antériorité européenne avec l’initiative de Coop Italia, premier distributeur ayant construit notamment des filières bovines non OGM en France, mais qui ne mentionne aucun seuil.
L’évolution en Allemagne et la loi du 25 juin 2008 instituant le Haut comité pour les biotechnologies ont relancé la recherche d’un consensus en France. Il ne concernera peut être que certaines filières. Par exemple, un récent sondage réalisé par Efficience pour les volailles de Loué montre que 88 % des consommateurs pensent que les produits Label Rouge et AOC sont sans OGM. A noter que l’Inao n’a pas encore de position officielle.