Le rosé ne connaît pas encore la crise
«L'engouement pour le rosé nous sert de bouclier», explique James de Roany, président du Comité des Coteaux d'Aix-en-Provence. Pour l'heure, nous échappons à la crise, mais nous savons qu'elle va durer et nous devons mettre en œuvre tous les moyens pour conserver notre leadership sur le rosé ». S'ils semblent mieux armés que d'autres appellations, les Vins de Provence ne baissent pas la garde et travaillent au sein de leur interprofession (Côtes de Provence/ Coteaux d'Aix et Varois) à la défense de leurs parts de marchés. Pour sa part, le comité des Coteaux d'Aix, qui tenait sa réunion annuelle mercredi à Marseille a fait un point sur l'évolution de l'appellation.
Avec 198 000 hl, la récolte 2004 est légèrement inférieure à celle de l'an dernier : +6,6% en rouges, -3,5% en rosé et +14% en blancs. Mais les sorties ayant été moins importantes cet été, cette récolte devrait permettre de reconstituer des stocks (+30%, notamment en rouge et blancs) amoindris par l'excellente année 2003. Au niveau des prix, l'embellie de 2000 se poursuit. La moyenne 2003 se situe à 113,28€/hl, et pour la première fois, les courbes euro courant - euro constant se sont rejointes à ce niveau.
Les viticulteurs s'attendent pourtant pour 2004, à une baisse des cours. En termes d'évolution, les rosés continuent leur progression (70% des volumes), les rouges régressent un peu (25%) et les blancs restent stables à 5%. Cependant, souligne Michèle Nasles, présidente du syndicat général des Coteaux d'Aix : « il est vraisemblable que nous ayons atteint notre potentiel maximum en termes de production et de superficie. Dans la région, la pression foncière est telle qu'il est difficile de songer à une extension de l'aire. D'autant que les réserves foncières sont très protégées et que les Pouvoirs publics sont peu enclins à octroyer des droits. Nous devons donc être très vigilants pour que notre capacité à produire se stabilise et surtout pour que ne plus perdre d'hectares.»
Un durcissement du marché attendu
Mais l'engouement du consommateur pour le rosé a ses revers : « ce vin ne se porte pas trop mal, commente Jean-Jacques Braban, représentant du négoce au sein du CIVP (conseil interprofessionnel des vins de Provence), mais nous devons réagir vite pour nous adapter. Nous devons envisager sérieusement le transfert de production du rouge vers le rosé dans les régions affectées par la crise. Ce qui signifie, un durcissement du marché et un accroissement de la concurrence. Deux voies sont à l'étude : augmenter l'export en ne restant pas seulement sur le plan européen et diversifier notre offre.»
Vin doux ou Crémant de Provence, la question est posée.