Le revenu agricole subit la volatilité des prix
«Construire des voitures, oui ! Manger c’est mieux », lance la FNSEA à l’issue des résultats des comptes prévisionnels 2008 qui annoncent une baisse globale de 15 % du revenu agricole. Face à ces « chiffres malheureux », le syndicat agricole majoritaire demande au gouvernement « qui décide de plans anti-crise chaque jour pour les secteurs vitaux de l’économie du pays, d’engager le plan “agriculture et agroalimentaire” ». Pour les Chambres d’agriculture, l’année 2008 « illustre l’extrême volatilité des prix à laquelle sont soumises les exploitations agricoles ». « Le prix du blé a été divisé par deux en quelques mois alors que celui des engrais et des aliments pour animaux poursuit sa progression avec une hausse cumulée de plus de 30 % sur les deux dernières années », écrit l’APCA dans un communiqué.
Résultat : tous les secteurs connaissent une dégradation de leur revenu à l’exception des éleveurs laitiers (+ 23 % en un an) et des viticulteurs (+ 2 % pour les appellations et + 15 % pour les autres exploitations). Le revenu des exploitations spécialisées en céréales, oléagineux et protéagineux chute de 37 %. Mais il ne faut pas oublier que 2007 fut une année exceptionnelle. En 2008, les exploitations de grandes culture demeurent à un niveau de revenu supérieur de 14 % à la moyenne des années 2003 à 2005 et supérieur de 39 % au niveau de la moyenne de l’ensemble des exploitations professionnelles.
Elevage : « la situation est catastrophique »
Pour l’élevage de viande bovine et ovine, la situation s’avère en revanche nettement plus délicate. « La situation est catastrophique avec une seconde année consécutive de baisse importante et un revenu moyen par actif proche de 10 000 euros/an, soit le niveau le plus bas enregistré depuis plus de 15 ans », déplore l’APCA. La hausse du coût de l’alimentation animale explique en grande partie cette dégradation du revenu (- 32 % en viande bovine et - 10 % pour l’élevage ovin). Ce phénomène touche dans une moindre mesure les exploitations d’élevage hors sol, qui grâce à la hausse des prix à la production, voient leur revenu se replier seulement de 3 %.
Alors que globalement la situation des exploitations agricoles se dégrade sur un an, du fait de la forte volatilité des prix, les comptes de l’agriculture 2008 soulignent la baisse de 18 % des aides de régulation des marchés. Un constat qui fait dire à Luc Guyau, président de l’APCA : « l’extrême volatilité des prix démontre toute la nécessité de maintenir ou de réinventer des instruments de régulation des marchés. »