Le revenu agricole poursuit sa chute
Exempte de gel et de sécheresse, l’année écoulée a été clémente pour les récoltes et productions agricoles, qui se sont révélées abondantes et de bonne qualité. La clémence de ces conditions climatiques n’a toutefois pas suffi à maintenir le revenu agricole, qui a en moyenne baissé de 3,7% pour l’ensemble des exploitations (sur un an). La faute à un recul des prix, couplé la plupart du temps à une augmentation des coûts de production. Les tarifs des consommations intermédiaires hors aliments augmentent ainsi de 4% pour les engrais, 6,5% pour les aliments concentrés et jusqu’à 8% pour les produits pétroliers.
Dans tous les secteurs, hormis la viticulture, le revenu est en chute. La plus forte baisse touche le hors sol (-33%), devant les grandes cultures hors céréales et oléoprotéagineux, avec -18%. La récolte 2004 de pommes de terre et de blé tendre se heurte à une offre abondante tant en France que dans le monde, abondance qui tire les prix vers le bas. La situation est similaire pour les légumes, l’augmentation de la récolte se trouvant une nouvelle fois contrariée par la concurrence internationale. En moyenne, le revenu des exploitations maraîchères a chuté de 14% en 2004. La tendance est similaire dans le secteur des productions animales, tant en ovins (-8%) que bovins (-16%).
Les prix, eux, restent stables, mais les coûts de production en hausse expliquent l’orientation observée, notamment avec l’augmentation du prix des aliments concentrés. Les exploitations laitières accusent pour leur part une baisse du revenu de 11%. Dans ce secteur, la collecte a régressé ainsi que le prix lui-même, avec la première baisse du prix d’intervention décidée dans le cadre de la réforme de la PAC. Les œufs, après une année 2003 exceptionnelle liée à l’épizootie de grippe aviaire et à la canicule, retombent sur terre tout comme leur prix, amputé de 25% sur un an. Masquant la situation difficile de certains producteurs, le revenu moyen des viticulteurs d’appellation augmenterait de 49%, principalement grâce au champagne. Pour les viticulteurs sans appellation, la hausse atteindrait 18%. Comme tous les ans, la publication de ces chiffres n’a pas manqué de faire réagir les responsables agricoles de tout bord.
Luc Guyau, président de l’APCA (Assemblée permanente des chambres d’agriculture), demande qu’à l’avenir « la loi d’orientation contienne des mesures qui nous permettent de garder la valeur ajoutée que nous créons», devant la baisse des prix agricoles à la production de 8 %. La FNSEA a pour sa part fustigé « les conséquences d’une politique internationale libérale qui fait importer de baisses de prix», tandis que les Jeunes Agriculteurs déploraient le fait « de ne pas pouvoir répercuter la hausse de leurs charges sur les prix de vente ». La Confédération Paysanne, pessimiste, a constaté le décalage entre l’augmentation des dividendes des groupes agro-industriels, et « la dégringolade du revenu et des prix à la production». « La réforme de la PAC, parce qu’elle ne sort pas d’une vision purement libérale de l’économie, va encore accélérer ce processus», estime le syndicat.