Le remède anti-déprime
Tensions géopolitiques mondiales, marasme politique en France, rentrée scolaire chaotique, scandale littéraire… Les Français ont le moral dans les chaussettes et l'ambiance délétère de cette fin d'été ressurgit sur leur consommation. En août, l'opinion des ménages sur leur situation financière personnelle future mesurée par l'Insee a reculé de 2 points. En parallèle, le panéliste Nielsen Trends a enregistré un recul des achats de produits de grande consommation et du frais libre-service de 0,8 % par rapport à l'année précédente sur la période allant de mi-juillet à mi-août. « Aujourd'hui, les gens comptent leurs sous en fin de mois et font des enveloppes. Alors que la consommation a tenu jusqu'au printemps, je m'inquiète du retournement opéré cet été. La consommation courante a baissé en volume et en valeur, juillet a été mauvais et août aussi. Je n'ai jamais vu ça ! », a déclaré la semaine dernière Michel-Édouard Leclerc de retour de vacances (et donc dans les médias !) au micro d'Europe 1. Et ce « malgré la baisse des prix », a-t-il reconnu. Sans surprise, le distributeur y voit les conséquences de la baisse du pouvoir d'achat des Français (qu'il estime à 3,6 % ces trois dernières années). Et réaffirme plus que jamais sa volonté de renforcer sa politique en faveur des prix bas. Un entêtement d'autant plus contestable qu'il reconnaît lui-même que les prix bas ne suffisent plus. Le panéliste Iri observe la poursuite d'une montée en gamme des achats alimentaires des Français (avec des prix d'achat en hausse de 0,9 % des achats alimentaires malgré une déflation de 0,6 %). En parallèle, le taux d'épargne dans l'Hexagone n'a jamais été aussi haut depuis 2009 (15,9 % au premier trimestre 2014). Plutôt que de poursuivre dans un cycle de déflation néfaste aux opérateurs, ne faudrait-il pas plutôt redonner le moral aux Français. Et quoi de mieux qu'un bon repas pour mettre du baume au cœur ? Plutôt que de communiquer uniquement sur les prix, la filière agroalimentaire (distribution comprise) a tout à gagner à remettre en avant le plaisir, le goût, l'innovation et la praticité qu'elle offre aux consommateurs.