Le petit-déjeuner, un vrai casse-tête
Àla question « votre enfant a-t-il pris un petit-déjeuner ce matin ?», 88% des mères interrogées ont répondu positivement lors de la dernière enquête réalisée par l’institut TNS Sofres. Destiné à faire un état des lieux du petit-déjeuner, ce sondage effectué en avril atténue le sentiment répandu d’une désaffection des 6-18 ans autour de cette première prise alimentaire de la journée.
Mais l’équilibre alimentaire tarde encore à s’inviter à ce repas, avec un écart fort entre le petit-déjeuner idéal perçu par les mères, et la réalité matinale. Alors qu’ils devraient, à 81 %, faire partie du petit-déjeuner idéal selon les réponses récoltées, les produits laitiers ou fromagers ne sont présents dans 52 % des cas. Un écart presque similaire frappe les jus de fruits, servis dans 39 % des petits-déjeuners, alors qu’ils figurent dans le petit-déjeuner idéal de 64 % des sondées. Situation identique pour le pain, consommé dans un quart des cas, alors qu’il est perçu comme vecteur d’équilibre à 58 %.
15 à 20 % des apports caloriques de la journée
Ces résultats laissent apparaître une forte marge de progression pour les différentes catégories alimentaires, que comptent bien saisir les premiers concernés. Unijus, l’Union nationale interprofessionnelle des jus de fruits, s’est rapproché des meuniers de France et du Cidil (Centre d’information et de documentation de l’industrie laitière) pour tenter de favoriser l’alliance de ces trois catégories de produits. Le professeur Jean-Philippe Girardet, professeur de pédiatrie à la faculté de médecine Saint Antoine et chef de service de gastro-entérologie et nutrition pédiatrique à l’hôpital Armand Trousseau, a toutefois tenu à rappeler la composition idéale d’un petit-déjeuner, qui doit couvrir 15 à 20 % des apports caloriques de la journée, avec une répartition adaptée entre protéines (10-12 %), lipides (27-30 %) et glucides (55-60 %).
« Aujourd’hui les enfants ne consomment plus de céréales simples. Elles sont enrobées, chocolatées ou au miel, sans parler des ajouts de sucre», explique M. Girardet, partisan du pain, du beurre et de la confiture. Les jus de fruits représentent une source d’énergie comparable au fruit, « mais attention à la taille du verre, et à ne pas remplacer l’eau par du jus de fruits dans les autres repas ! », prévient le professeur. Perçus comme très sucrés par les parents, les jus soufrent un peu de cette image, dans un contexte de chasse à l’obésité. Mais toutes les catégories sous-représentées lors du premier repas de la journée pourraient bénéficier d’un retrait de la collation de 10 heures encore offerte dans certaines écoles, collation d’ailleurs déconseillée par l’Afssa. « Elle ne remplace pas le petit-déjeuner, et elle est source de déséquilibre alimentaire ». C’est peut-être à ce prix-là que le retour aux fondamentaux s’opérera.