Le patron des poissonniers dans l’attente
Le patron des poissonniers français Pierre Labbé attend beaucoup de la réforme de l’organisation économique de la filière pêche, et notamment du rôle accru que joueront les OP. Mais le président de l’Union nationale de la poissonnerie française (3 200 poissonneries adhérentes) émet plusieurs réserves.
Rédaction Réussir
Aux yeux de Pierre Labbé, « le phénomène des ventes hors criées doit être combattu ». La vente de gré à gré concernerait jusqu’à 30 % de la production française, selon son estimation. Bien souvent en raison de l’état des halles à poissons, inadaptées, ou tout simplement parce qu’il n’y a plus d’acheteurs voire plus de criées (comme cela risque de se produire en Normandie). Seconde réserve : la probable concentration de l’essentiel des flux de pêche par de gros mareyeurs ou des distributeurs qui, par le jeu des contrats actés par la LMAP, enlèveraient de l’activité aux poissonniers. Inacceptable pour Pierre Labbé qui rappelle que les poissonneries mettent en marché « 60 % de la pêche fraîche française », ajoutant : « Si demain nous n’existions plus, c’est la production qui en pâtirait ». Même réserve du patron des poissonniers eu égard aux marques collectives et écolabels qui perturberont le consommateur plutôt que de bien l’informer.
Il préfère louer le professionnalisme de ses adhérents. « Ce qu’attend de nous le consommateur, c’est que nous fassions parfaitement notre boulot dans l’approvisionnement de nos étals. Ce n’est pas une marque collective ou un écolabel qui garantiront la qualité du poisson », poursuit-il. Sous son initiative, 100 des 330 poissonneries bretonnes ont adopté un cahier des charges appelé « Repère Qualité » qui impose aux volontaires d’acheter sous criée bretonne au moins 80 % du poisson proposé et 70 % pour le crustacé. Des achats ciblés et le conseil du poissonnier, aussi important que celui du boucher indépendant. Labbé envisage d’élargir l’initiative au reste de la France dans un an et demi.