Le monde du vin français se met à l’heure de « l’œnotourisme »
Réputé à travers le monde, et d'une notoriété historique, le vin français jouit d'un prestige inégalé, et pourtant, sur le marché global, il manque d'une « économie d'échelle », comme le souligne Damien Wilson, un Australien venu s'installer en France pour enseigner dans le master de management du vin à Dijon. « Le vin français, pour être compris, doit être appris », explique-t-il, révélant les carences de la France en termes de communication de marque. « En France, nous avons des produits tellement divers que sans discours commercial, sans approche marketing, nous perdons quand même des parts de marché », précise Claude Chapuis, professeur également, et producteur au domaine d'Aloxe-Corton. Aux Etats-Unis, l'Italie est devenue le plus gros importateur devant l'Australie et la France. Alors face à cette situation, « il faudrait commencer par attirer les étrangers », note Damien Wilson. Et dans cette optique, l'oenotourisme est un axe fondamental.
Fidéliser par la patrimoine
« Aux Etats-Unis, le vin est un show, orchestré avec des guides, avec des tables d'hôte, ce qu'on retrouve également dans les bodegas espagnoles », raconte François Bannier, le cofondateur de H&B, une maison de négoce du sud de la France. Cette manière de faire découvrir le vin, certains producteurs se l'ont appropriée. C'est dans le Languedoc que l'oenotourisme a fait ses premiers pas, avec une région déjà très touristique, qui accueille beaucoup d'étrangers et d'Européens du Nord. « L'idée, ce n'est pas forcément de vendre du vin, mais de faire découvrir le domaine, les vignes, les caves, et puis notre métier ", explique Pierre Clavel, qui a donné son nom au domaine, où il a développé une activité de gîte, comme la plupart des propriétaires qui se sont lancés dans l'oenotourisme. Ce qui n'est pas vraiment le cas de la Bourgogne, comme le pense Claude Chapuis : « Nous avons un potentiel énorme mais pas exploité. On ne sait pas encore accueillir nos clients. Et puis souvent on ne sait pas protéger notre richesse. En bourgogne, à côté de la route des vins, on trouve des zones industrielles. C'est déplorable ». Pour professionnaliser l'activité, l'oenotourisme a désormais son salon (le Silot) : du 15 au 17 mai, syndicats, mais aussi offices de tourisme, circuits touristiques, musées et comités de région se réuniront à Lyon.