Le matériel et l’immatériel
La France s’est fixée comme noble ambition de faire reconnaître sa gastronomie au patrimoine immatériel de l’Unesco. Le regard que nous portons sur les produits alimentaires qui sortent de nos terroirs et de nos usines doit donc changer : il faut désormais apprendre à voir le bien culturel précieux caché sous la lourde enveloppe du produit de consommation. Peut-être inspirés par ce genre de réflexions, une quinzaine de vignerons se sont réunis autour d’un projet original : marier les nectars qu’ils produisent à des nourritures plus spirituelles. Leur association, Art de Vignes, a été lancée en fanfare il y a quelques jours à Paris. Ces esthètes du vin, issus de domaines familiaux, sont pour la plupart jeunes, originaux et attachés à leur terroir. Leur idée, c’est d’associer leurs crus les plus fameux à des manifestations culturelles, littéraires, musicales ou artistiques. Art de Vignes programme une première sortie à l’occasion d’un salon littéraire à Londres, à la rentrée. Les vins du Mas Amiel d’Olivier Decelle, les sancerre d’Alphonse Mellot ou les condrieu de Georges Vernay sont le parfait complément d’un bon roman ou d’un prélude de Chopin, estiment-ils avec raison. Et les amateurs des uns sont souvent friands des autres, ce qui constitue bien sûr l’intérêt commercial de la démarche. Les vacances qui approchent -ou qui sont déjà là- constituent une excellente occasion pour les producteurs, artisans et industriels de l’alimentation d’aller à la rencontre d’un nouveau public. Un nombre croissant d’entreprises l’ont compris et organisent des journées portes ouvertes l’été. Bonnes vacances, culturelles et épicuriennes à tous nos lecteurs qui ont la chance d’en prendre. Pour les autres, la lecture quotidienne des Marchés constituera une saine distraction !
Note à nos lecteurs : à compter de ce jour, Les Marchés passent en pagination réduite, jusqu’à la fin août. Tous les cours apparaîtront néanmoins sous leur forme habituelle pendant cette période.